Dire qu'il y a des gens pour croire que le cinéma est mort, ou que son avenir serait dans les séries. Alors qu'à l'évidence, brûlante comme il se doit, le cinéma est là devant nos yeux sur cet écran où Jongsu se consume de désir pour l'évanescente Hae-Mi et forme bientôt avec elle et avec Ben un trio inattendu. Il ne faut pas en dire plus à celles et à ceux qui ont la chance de ne pas encore avoir vu cette magnifique exploration de l'attente toujours différée, de l'embrasement progressif de la toile de l'imaginaire par le vide de l'existence. Le film s'arrête pourtant, au bout de 2 h 30, meurt comme tous les grands films au moment où le protagoniste croit avoir atteint une certitude et frémit vibrant au bord du gouffre qu'il a passé le film à creuser de son regard fébrile, dans une explosion qui nous laisse pantois. Il y aura eu, entre temps, des feux d'artifices réels et métaphoriques, des jeux d'illusions et des émerveillements, des allers et retours entre la raison et la folie, entre l'innocence et le crime, entre l'amour et la haine. Et à l'arrivée l'envie de recommencer.