Cela faisait très longtemps qu'un film ne m'avait pas comblé à ce point dans toutes les dimensions que déploie l'art cinématographique. Décortiquer les mérites du scénario, des acteurs, de la photographie, de la mise en scène, aurait ici quelque chose de proprement indécent tant chacun des éléments est accordé aux autres sans accroc ni faute de ton. Dire simplement, peut-être, que le film commence, de façon trompeuse, comme la chronique d'un fait divers pour se hisser sans effort à la hauteur d'une fresque chorale, un peu comme un soliste se muant sous nos yeux médusés en orchestre symphonique jouant de toutes les ressources harmoniques et mélodiques imaginables. Il n'est pas une émotion humaine qui ne soit dépeinte dans ce tableau profond de situations extrêmes mais banales dans leur extrémité. Si l'expression "à ne pas manquer" n'était pas tant galvaudée, on se risquerait ici à l'employer.