Burning est une variante métaphysique sur le triangle amoureux. Le film se démarque de la majorité des films coréens par son atmosphère mélancolique et l'exploitation des thèmes de la solitude et de l’incommunicabilité propres à Murakami. Présenté par la cinémathèque dans le cadre d'un festival du thriller coréen, ce fut une réelle surprise de voir un film lent, contemplatif, sans marteau ni pic à glaces. Et sans enquête policière avec les habituels flics idiots et psychopathes bourrins.
Mais sorti de cet effet de surprise, quasiment le seul du film, force est de constater qu'il ne se passe rien de spectaculaire ni de divertissant durant les 2H30, l'auteur se contentant du scénario minimaliste d'une nouvelle inconnue de Murakami elle-même inspirée de Faulkner. Et le film suit son petit rythme tranquille, avec des personnages masculins peu sympathiques, ce qui n'a pas manqué de provoquer l'endormissement de mon voisin et mon envie de consulter la montre à plusieurs reprises. Pour être objectif il y a un seul moment appréciable _ la danse d'Hae-Mi nue devant un coucher de soleil. Burning est le genre de film que l'on croit étudié pour faire se pâmer les intellos de gauche des Cahiers du Cinéma, de Télérama ou de Sens Critique. Intellos qui se torturent les méninges à pallier les non-dits, l’ambiguïté et l'absence de résolution finale de l'énigme en s'inventant des histoires de trafics d'organe, de métaphore militante sur le capitalisme assassin ou d'allégorie sur le traumatisme engendré par la séparation des deux Corée, en se basant en guise de preuves sur un chat invisible ou une montre en plastique dans un tiroir. Personne n'a pensé que l'assassin de Hae-Mi, s'il y en avait un_ le plus plausible étant qu'elle ait volontairement quitté le pauvre trop abruti et le riche trop cynique_ n'était pas le riche qui pouvait avoir autant de filles qu'il voulait, mais plus probablement le pauvre, solitaire et délaissé, qui avait le plus puissant des mobiles _ la jalousie.
C'est pour moi le type même du film réservé aux intellos, la preuve s'il en est c'est que beaucoup avouent l'avoir apprécié davantage après l'avoir vu que pendant la séance (!).