Court-métrage (ou moyen, peu importe ; à noter que j'ai vu une version de 30 minutes et pas 1h02 comme indiqué) essentiel de Campos, à l'attention de tous les gros porcs qui désirent s'accaparer de ce que « l'on se souvient toute sa vie » par la voie monétisée.
On y découvre l'intimité d'une jeune New-Yorkaise de 16 ans, portrait-type d'une jeunesse sensible, à l'âge d'or d'internet : eBay. Chelsea et son amie jouent se rebellent, prennent un peu de coke, bref tentent de grandir un peu trop vite. Un soir, elles décident de mettre la virginité de la petite blonde aux enchères et s'imaginent le bonheur de pouvoir s'acheter des fringues : Cosmopolitan est leur idéal.
La caméra suit un format original, des plans se juxtaposent à l'écran, une fois ces derniers sont en 4:3, une fois en vertical format smartphone, représentant différents points de vue. Chelsea ne tardera pas à faire la rencontre de Peter, la cinquantaine, archétype de l'employé de bureau mal dans sa peau. Les plans sont assez longs et pesants, insistant sur le stress de l'attente puis le malêtre durant l'acte. Des flous s'y rajoutent, peut-être simulant les yeux trempés d'effroi de la protagoniste réalisant, et subissant son quasi-viol : la distance entre elle et sa réalité s'agrandit, on la sent désormais privée d'avenir proche, condamnée à se ressasser cette nuit à l'hôtel à chaque instant.
Petit film pour un thème lourd, celui de l'illusion de la jeunesse, féminine, confrontée à l'horreur grasse de la libido âgée, malsaine.
Vu en libre-accès sur : http://www.blfilm.com/shortform/