Un film violent par sa vraisemblance, choquant par sa peinture de la classe dirigeante du monde politique local russe (on imagine a fortiori la nationale ...).
On y suit, dans une quasi unité de temps, le parcours d'un jeune plombier. Appelé en urgence pour une banale histoire de fuite dans un immeuble HLM d'une ville moyenne de Russie, parmi l'ivresse chronique et l'abandon social de ses habitants, il détectera une fissure générale dans la structure même du bâtiment, rendant ainsi la vie d'une petite centaine de personnes sous condition : tous doivent évacuer d'ici 24 heures.
Alors que je pensais avoir droit à une image collatérale de la fameuse "crise", d'un phénomène global impalpable, de l'ensemble de la société vouée à l'effondrement, il y a au contraire une cause unique, pointée du doigt dans un silence constant du protagoniste : la corruption, le détournement de fonds publics par les élus - ce mot prend une soudaine amertume. Et pour une fois, elle n'est pas simplement évoquée, elle est minutieusement décrite par les mots de ses responsables, en réunion où tous se jouent à pointer le bout du fusil les uns sur les autres.
Yuri Bykov joue la carte du réalisme, servi par des acteurs grandioses, et des répliques parfois d'une justesse aigre. Jamais je n'ai vu un discours social sans tomber dans le cliché manichéen, ici c'est une magnifique exception.