Un ranger de l’espace montre le bout de ses ailes et ce n’est pourtant pas un jouet. Ce sera d’ailleurs le premier message en ouverture, comme pour éviter toute confusion chez le spectateur, apparemment incapable de le déduire de lui-même… Ou est-ce pour rappeler la valeur du catalogue ? Dans tous les cas, cela ne démarra pas avec les bonnes bases. Après un vortex d’une longue durée qui a poussé Disney à garder les dernières productions Pixar sous le couvert du streaming, un nouvel espoir pourrait bien débarquer en salle, rappelant ainsi les arcanes du tout premier film en image de synthèse. Angus MacLane, qui a co-réalisé « Le Monde de Dory » et réalisé quelques courts-métrages, revient avec la même optique, en s’arrachant le lore de Buzz et une excursion dans l’espace. « Wall-E » l’avait déjà conquis, avec une grande sensibilité et n certain savoir-faire dans la mise en scène. Ici, il n’est pas question d’être aussi subtile ou sentimental.


Le ranger de l’espace est associé à l’action pure et dure, rappelant également la superficialité de certains héros du MCU, Star Wars et autres bannières de science-fiction, détenues par Mickey Mouse. Si ce n’est pas assez, on ira piquer un peu du côté de la Paramount (Interstellar, Top Gun : Maverick). Le formatage de Pixar par Disney se confirme regrettablement, aspirant toute inventivité et approche personnelle dans cette ce qui semble aller à contre-courant de l’ADN d’un studio, qui nous a habitué à de la réflexion sensorielle. 22 ans plus tôt, « Buzz Lightyear of Star Command » a montré des premiers signes déviants, que le studio titulaire a entretenu. Ce nouveau film spin-off derrière le jouet ne se montre pourtant pas à la hauteur de son personnage qui, malgré ses ambitions et sa culpabilité, parvient à se défaire de la solitude. Buzz n’est peut-être pas encore l’explorateur parfait que l’on peut voir dans les pubs, car il s’agit avant tout de sonder sa nature, tantôt froide et individualiste, tantôt à l’écoute et solidaire. Malheureusement, si tout est dit et répété, difficile d’être convaincu par ce qui suit la première demi-heure, prometteuse.


Il convient d’explorer ses relations à travers le temps, mais pour l’espace, il lui manquera des ailes pour prendre son envol. Clouer ce personnage au sol qui ne demande qu’à s’élever est plutôt osé, mais cela ne rattrape pas toutes les fausses bonnes idées du récit, qui ne sait plus où donner de la tête entre une mascotte qui ronronne à peine et le combat du héros face à ses échecs. Si l’on prend énormément de raccourcis pour la création de sa némésis, Zurg, l’ennemi n’est pas celui que l’on croit être. Dans le fond, il n’y avait rien à raconter sur un personnage qui peine à exister si on ne le sollicite pas dans une épreuve complémentaire. Et bien que cela arrive au bout d’un certain temps, l’humour potache prend le dessus sur l’inconsistance de l’intrigue. Le spectacle ne tient plus qu’avec quelques scènes divertissantes, qui ne révolutionne rien dans le genre de la science-fiction ou de l’animation. Un manque d’entrain se ressent et c’est sans doute le constat le plus triste auquel le film peut prétendre.


« Buzz l’éclair » (Lightyear) est aussi désincarné que son héros, qui ne tremble pas. En voulant lui donner une chair, on trouvera peut-être bien plus de plastique que précédemment dans cette représentation anecdotique. Il est navrant de constater une telle désertion dans le paysage de l’animation hollywoodienne, qui n’en finit plus de recycler ses idoles, quitte à les sacrifier sur l’autel du streaming. Même si ce fut le cas sur les trois derniers Pixar, ces derniers avaient au moins du carburant à revendre, sans pour autant se montrer spectaculaire. Tout ce qui est à l’œuvre ici dessert malheureusement l’introspection d’un personnage traumatisé, qui souffre également d’un développement minimaliste, alors que tout portait à croire que l’on se tournerait vers l’infini et au-delà. Finalement, il y aura eu plus de tensions dans la sublime ouverture de « Toy Story 2 » et pas la moitié dans cette dernière tentative des plus vaine et des plus grinçante.

Cinememories
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le 19 juin 2022

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