Si j'aime la richesse d'internet et la capacité des internautes à créer des choses originales, les courts métrages que l'on peut trouver sur internet ont souvent eu tendance à repousser les limites dans la déception. Beaucoup ont du potentiels, mais peu arrivent à concrétiser quoi que ce soit. Ça a été notamment le cas de The Pine Creepers, premier court métrage horrifique d'Andy Coyle, réalisateur venant de la télévision qui a voulu s'essayer à l'horreur en autonomie sur internet, mais qui a su se rattraper par la suite avec The Worm, réalisé avec le collectif DWHAAD. Sans doute qu'avec une prod professionnel et un autre univers, on pourrait obtenir quelque chose d'intéressant. C'est ainsi qu'on peut tomber sur la chaine Alter sur Youtube, véritable vivier à bizarreries horrifiques en animation ou en prise de vue réelle, et que l'on peut être intrigué par Buzzkill, premier court métrage de Peter Ahern avant son prochain en préparation, qui a tout pour réussir.
Si Buzzkill a une animation qui ferrait jalouser les jeux stickpage.com, qui ont fait le bonheur des collégiens au CDI et de Youtube en 2015, le montage arrive à sauver une bonne parti du film. Avec le style graphique et un côté irrévérencieux assez mesuré sur son début, le film est très vite captivant et prenant car à l'image de ses personnages. Nous suivons des jeunes pour leurs premières fois, et le film adopte très facile des airs de teen-movie amené à doucement dégénérer. L'histoire et toute l'esthétique est très accrocheur, et les premières phases d'horreurs sont vraiment bien faites à base de body-horror finement amené, ce qui rend le film diaboliquement efficace et prenant. On est pris dans ce qui nous est montré, et on est amené à attendre quelque chose qui puisse être l’apogée d'un dispositif aussi efficace. Malheureusement, plus haut est l'attente, plus lourde sera la chute.
Là où la première parti de Buzzkill savait tenir une forme d'irrévérence discrète et légère qui donnait un charme à l'ensemble, le film s'effondre complètement dans son dernier acte d'une bêtise et d'une gratuité affligent, gâchant toute la subtilité et la tension que l'on pouvait ressentir. Les personnages deviennent des caricatures, tout juste bon à exécuter des dégueulasseries digne d'un enfant en bas âge apprenant à être vulgaire, et la fin part dans des extrêmes peu vraisemblables qui n'apporte rien mis à part un dégoût au détriment du film. Le tout est accentué par un montage assez maladroit, qui créé une mauvaise lecture de l'espace de jeu (qui se résume à une chambre et une salle de bain, faut le faire), et qui met l'accent sur des éléments de narration qui ont mal été introduit. On a une sorte de montage alterné montrant le garçon découvrant quelque chose en même temps que le spectateur découvre un peu plus la personnalité de la fille. Inconsciemment, l'action se passant dans la maison de la fille et le garçon étant montré comme étant un visiteur, on est amené à épouser le regard du garçon qui découvre quelque chose en même temps que le spectateur. Le soucis étant qu'à cause d'un effet de montage mal utilisé et un jeu d'axe regard "trop bien fait", on est amené à penser une information qui est fausse et qui doit préparer une information que l'on aura à la fin... mais qui perdra toute son importance. La fin est anti-climatique parce que l'élément qui y est révélé n'a aucun sens et a mal été amené, que l'on pouvait comprendre cette information sans avoir à caricaturer la chose avec pléthore d'élément qui font qu'alourdir la dit information, et qu'à aucun moment on y croit, faute d'avoir essayer de s'y intéresser. Buzzkill est un pétard mouillé qui pouvait offrir bien plus qu'il n'offre en définitif, ce qui le rend d'autant plus frustrant.
8,5/20
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