Oublions l'affligeant titre "français" (franchement? quitte à changer le titre autant le traduire non?) et concentrons nous sur le bonbon sucré et charmant qu'est ce film.
S'inspirant et parodiant juste ce qu'il faut les comédies romantiques des années 60, Peyton Reed livre un film au visuel factice impeccable, à l'humour omniprésent et au glamour indéniable.
Barbara Novak (Renée Zelwegger, alors charmante) est une jeune auteure arrivant à New York avec son livre "Down with Love" dans lequel elle détaille de quelle manière les femmes peuvent se détacher de "l'amour" et arriver à se comporter "comme un homme" dans une relation. Traduction : s'envoyer en l'air sans qu'aucun sentiment n'intervienne. De ce fait, les femmes trouveraient tout naturellement leur place dans le monde du travail puisque la recherche du proverbial mari ne serait plus leur préoccupation.
Un ouvrage résolument féministe bien qu'ayant ses limites si vous voulez mon avis.
De l'autre côté du spectre se trouve Catcher Block (Ewan McGregor en mode Ken décomplexé mais dont l'accent américain est peu convainquant), journaliste vedette du magazine pour homme le plus en vogue. Un bourreau des coeurs et des corps, charmant et futé. Son directeur (mon personnage préféré, et de loin, interprété formidablement par David Hyde Pierce) névrosé, complexé, hilarant et adorable l'oblige à (le supplie de) faire une interview de Barbara mais Catcher, en bon mufle, lui pose plusieurs lapins.
Barbara lui claque métaphoriquement la porte au nez et quand Catcher réalisera que la vieille fille un peu moche qu'il comptait éviter est en fait une charmante blondinette, il s'en mordra les doigts d'autant que la blondinette en question a une dent contre lui et l'insulte à la télé. Catcher décide alors de mener l'enquête sur cette femme au comportement inhabituel (Comment? Elle veut coucher sans se marier? Ca ne peut pas être vrai!) et pour se faire, décide de se faire passer pour un astronaute gauche et réservé afin de la connaître mieux.
Voilà tout le problème.
Ils vont se connaître mieux!
Le film s'inspire directement des classiques du genre avec Rock Hudson, Doris Day et Tony Randall (qui a ici un petit rôle savoureux) tels que "Confidences sur l'Oreiller" ou "Un Pyjama pour Deux" pour ne citer que ceux là.
A chaque fois, Doris et Rock ne peuvent pas se supporter sans se connaître et à chaque fois Rock devra se faire passer pour ce qu'il n'est pas pour mettre la sage demoiselle dans son lit ou pas mais toujours en ayant l'air de ne pas vouloir y toucher.
Voilà le ressort ultime utilisé ici avec efficacité: une histoire de sexe, sans sexe!
Les références/hommages sont nombreuses et les petits coups de griffes également. Quelle joie de voir l'appartement invraisemblable mis à disposition de Barbara et le défilé de tenues qu'elle arbore à chaque heure du jour, toujours impeccable et assortie au décors ou bien à sa nouvelle meilleure amie et éditrice légèrement foutraque (Sarah Paulson, délicieuse).
Mais le film ne s'arrête pas à la parodie/hommage/nostalgie. Certes dans les années 60, le but ultime d'une femme était de se marier, même si elle avait une carrière : ce n'est plus possible. Barbara trouvera le moyen de défier son temps et de gagner son homme en gardant son travail. Le passage est peut-être moins léger et moins bien amené que le reste car il semble mis là pour ne pas faire hurler la féministe au fond de chacun. Dommage mais pas non plus regrettable.
Zelwegger et McGregor fonctionnent à merveille ensembles et se renvoient la balle avec dextérité tandis que Paulson et Hyde Pierce font preuve d'un timing impeccable et d'une complémentarité parfaite.
Les costumes et les décors sont dans le ton et assez magnifiques (cf plus haut, le défilé de mode incessant de Barbara et de son éditrice).
Il n'est pas nécessaire de connaître les films d'origine pour apprécier "Down With Love", il suffit de laisser tout cynisme à la porte et le film opèrera sa magie.