Récréations

Faute d'avoir trouvé à ma médiathèque Récréation de Claire Simon, que je cherche depuis longtemps, je me vois recommander ce documentaire sur des enfants dans la cour d'une école primaire parisienne.

On y voit toutes sortes de scènes. Comme prévu, il y a les leaders et les suiveurs, en l'espèce une petite fille qui compose des petits trains en décidant qui est en tête, la place convoitée. C'est assez drôle : dès qu'un enfant boude car ce n'est pas lui qui a été désigné, elle le rattrape en lui disant que ce sera lui. On joue à être adulte (les parents ou la maîtresse), on invente des histoires avec des dinosaures, on se bat pour avoir un ballon, on exclut un copain ("tu joues pas avec nous"), le même qu'on peut retrouver quelques temps plus tard pour lui faire un câlin. Rien ne prête vraiment à conséquence, c'est sans doute la grande différence avec les rapports entre adultes : pas de rancune, un instant succède à un autre. Pas de barrière de "races" non plus : les petits Noirs, les Arabes, les Asiatiques ou les Blancs jouent ensemble, ce n'est pas un sujet. Lorsqu'une enfant pleure, soit on se moque d'elle, soit on la console, l'un pouvant succéder à l'autre. On suit le rythme des saisons, les doudounes étant abandonnées en fin de parcours.

Pascal Auffray et Alice Langlois ont adopté un parti pris judicieux : ne pas montrer d'adulte. Dans l'une des scènes coupées, en bonus du DVD, on aperçoit une maîtresse : les deux réalisateurs ont bien fait de ne pas retenir cette scène, malgré la durée très courte de ce documentaire, qui en fait plutôt un moyen métrage.

Malheureusement ce n'est pas très bien filmé. La caméra manque de stabilité et la plupart des plans sont assez moches. N'est pas Claire Simon, Depardon, Guzman ou Wiseman qui veut. Par ailleurs, je n'ai rien appris que je ne soupçonnais : les rapports de pouvoir, le mélange de dureté et de tendresse, la spontanéité, etc. Enfin, le bruit incessant rend le visionnage pénible. Je sais bien que c'est la rude réalité, celle que vivent les enseignants tous les jours, mais la saturation sonore finit par gâcher le moment. Reste à voir comment Claire Simon s'y est prise...