C'est bien lui

Immersion grandiose dans la tête du réalisateur, son imagination, ses influences, ses inspirations, le film est une proposition singulière de dévoilement artisitique, mais aussi personnel. Un film original, dérangeant - comme les ronflements au début du film - et engagé. Un rêve que Léos Carax nous invite à partager. Un exercice de dévoilement psychologique aussi, avec une mise à nue sans filtre et une once d'ironie de la part du réalisateur, connu pour être une figure marginale du cinéma. Il nous parle de la figure du père et nous montre un extrait de film amateur de sa fille, lors d'une balade sur les quais de Paris.

Patchwork technique en terme d'images, le film est constitué de négatifs, d'extraits de films, ceux de Carax, ceux dont il s'est inspiré, de films amateurs. Bel hommage au cinéma de Carax, le film est aussi porté par une B.O. éclectique. Au-delà de l'aspect cinématographique, le film est une contribution au discours socio-politique contre les dérives dictatoriales, l'extrême droite, et un appel à un positionnement critique, à la beauté. Ancré dans le monde tout en ayant une distance critique, le film discute notre rapport aux images, dans un monde qui en est saturé, par le relais incessant des réseaux sociaux. Il se termine par un invitation au clignement des yeux critique pour appréhender la beauté du monde.

En cela, la fin du film est rimbaldienne, qui invite les spectateurs à être poètes critiques du monde par un "long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens".