Trouvant son origine dans un article du New York Times décrivant les conditions de vie de sans-abris vivant dans les égouts, C.H.U.D. fait partie de ces productions microscopiques ayant eu à coeur de décrire le New York cradingue de l'époque, à l'image des mythiques Maniac, Street Trash ou Maniac Cop.
Lauréat du prix du meilleur film fantastique à Bruxelles en 1985, et bénéficiant d'un statut de petit film culte depuis, C.H.U.D. accuse forcément son âge et son origine modeste, mettant des plombes à démarrer, noyant le spectateur sous une avalanche de dialogues histoire de meubler avant d'entrer enfin dans le vif du sujet.
Fauché et bavard, s'attachant à trop de personnages, C.H.U.D. étonne cependant par son ton extrêmement sérieux. Là où son pitch improbable pouvait laisser présager un délire régressif et un peu con, le film prend au contraire son sujet très au sérieux, livrant une critique furibarde (à défaut d'être vraiment pertinente) envers un gouvernement se foutant comme une guigne de citoyens à peine mieux considérés que les innombrables rats peuplant les rues de cette immense décharge.
Malgré son budget rachitique et une mise en scène avant tout fonctionnelle, C.H.U.D. offre une seconde partie efficace et joyeusement gore, compensant des maquillages souvent bancals par une ambiance putride et angoissante, soutenue par un casting plus que correct (John Heard, Daniel Stern et même une petite apparition d'un John Goodman alors inconnu) et par une bande son typique de l'époque.
Imparfait, longuet et casse-gueule, C.H.U.D. est cependant loin d'être une simple série B crétine, et mérite assurément d'être (re)découvert, ne serait-ce que pour son fond fort intéressant et pour son atmosphère délicieusement crado.