Çans merci !
Ça, par exemple… une saga horrifique qui marche aussi bien au ciné et qui provoque autant de hype, je n’imaginais pas connaître cela (on va éviter de mettre trop de « ça » pour des raisons évidentes)...
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le 12 sept. 2019
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Clairement l'un des films les plus attendus et médiatisés de l'année , Ça , chapitre 2 avait la lourde et impossible tâche de conclure l'intrigue du premier chapitre en faisant tout aussi bien ( si ce n'est mieux ) , d'adapter la partie la plus complexe du roman de King , de gérer les attentes énormes suite au phénomène culturel qu'était le premier opus et d'être le succès au box - office tant espéré de Warner ( le premier étant le film d'horreur le plus rentable de tous les temps ).
27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre Clown est de retour pour semer la terreur dans les rues de Derry. Désormais adultes, les membres du Club ont tous quitté la petite ville pour faire leur vie. Cependant, lorsqu'on signale de nouvelles disparitions d'enfants, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent maîtriser leurs peurs les plus enfouies pour anéantir Grippe-Sou une bonne fois pour toutes. Mais il leur faudra d'abord affronter le Clown, devenu plus dangereux que jamais…
La particularité du premier opus était que contrairement à ce que sa promotion insistante laissait penser , Andy Muschietti nous proposait non pas un film d'horreur mais un drame horrifique centré sur des enfants qui se trouvaient confrontés à leurs peurs et leurs démons , matérialisés sous la forme de Grippe - Sou le clown ( du moins quand il est sous cette forme ). Le film était empreint d'une poésie macabre et d'une ambiance eighties qui se mariaient parfaitement aux aventures de ces enfants plus si enfants déjà à l'époque. Si bien que l'on pouvait pardonner la répétition de la structure narrative et le manque d'angoisse et de peur car le but n'était pas cela. Le succès historique du film financièrement a sans doute permit au réalisateur d'avoir carte blanche et une totale liberté créatrice , un bien pour un mal. Si il se montre toujours aussi inspiré quand à l'ambiance qu'il essaye d'instaurer , ici le film prend une tournure plus ancrée dans notre réalité tout en conservant l'empreinte eighties sur bien des points , le film prend aux tripes quand il convoque notre réalité et sa morbide noirceur en frappant en plein coeur le spectateur
comme lors de cette scène d'introduction choquante et en résonance avec notre société actuelle ( surtout américaine ) et le suicide de Stan , glaçant.
Certaines scènes retrouvent l'angoissante étrangeté du premier chapitre et son caractère parfois inattendu
la séquence avec le bûcheron rappelle beaucoup celle avec le video projecteur dans le premier chapitre
Il se perd en revanche dans un amas de jump-scares putassiers et déjà vus bien trop de fois couplés à une tension quasi absente car la maîtrise des codes horrifiques n'y est pas.Autrement
dit , le contenant sans le contenu. L'imagination débordante dans les designs des créatures , parfois gâchés par des effets spéciaux douteux , ne devrait qu'être salué tant elle se distingue tout de même de ce que nous propose les blockbusters actuels. Le tournant que prend le film ( un blockbuster d'action horrifique ) le dessert tant le film perd de son identité plus il progresse dans l'intrigue et plus l'on est lassé des jump - scares et non effrayés pour finir dans un dernier acte typique des films d'action super-héroÏque de cette décennie ( montage charcuté , déluge d'effets spéciaux , explosion , ennemis en cgi ratés ). Décevant vous avez dit ?
Mais juste qu'ici , les défauts étaient déjà plus ou moins présents dans le premier chapitre. Le plus frustrant , c'est tous les problèmes qui surviennent ensuite et que je ne saurais expliquer. Le choix de la durée et de séparer la parti "enfant" et "adulte" du roman est tout bonnement incompréhensible. La durée déjà n'est pas forcément le problème en soi tant certains films savent jouer avec leur durée avec brio. Ici , elle ne s'explique pas car le fait de séparer les deux intrigues fait que nombre d'éléments du roman ont dû être coupés ou modifiés et donc le film ne devrait pas s'éterniser autant. Surtout qu'il comporte des allers - retours avec l'enfance des héros , comme le faisait le roman , rendant ainsi idiot le choix de séparer les deux intrigues. Flashbacks qui auraient dû figurer dans le premier opus tant ils présentent ou installent des détails ou faits essentiels pour ce second chapitre mais qui paraissent capilotractés au dernier moment alors qu'ils pouvaient figurer dans le premier opus ( on a d'ailleurs le sentiment pervers de s'être fait flouer par le premier opus qui ne nous a mystérieusement pas tout dit ). Le comble de la blague intervient quand on se rend compte que le téléfilm en respectant la structure narrative du roman bouclait le récit bien plus vite que ne le fait ce film. Là où la perplexité atteint son paroxysme , c'est dans ce second acte qui plombe totalement le film en y instaurant un ventre - mou terrassant de 45 minutes avec une intrigue qui se répète 5 fois de la même façon à la suite , juste en changeant de personnages. Couplé à une narration à macguffin ultra - linéaire et saupoudré d'un chamanisme mal digéré , le film échoue à adapter la dimension cosmique du récit pour présenter une vision un brin simplifié et classique
( c'est d'autant plus dommage que les deux chapitres ont passé leur temps à faire référence à une fameuse tortue )
Les grands oubliés ce sont les personnages , souvent résumés à ce que l'on avait vus d'eux dans le premier chapitre et qui pour certains sont clairement oubliés ( Mike disparaît pendant une trop grande partie du film à cause de ce deuxième acte et le film n'exploite pas assez les peurs et défis auxquels il était confronté dans le premier chapitre contrairement aux autres personnages ). Le gâchis criminel d' Henry Bowers est d'autant plus regrettable que le personnage était l'une des plus grandes réussites du premier volume ( paradoxalement , le téléfilm était plus ambitieux dans sa seconde partie avec le personnage ). Il semble ici ne pas être à sa place et sortir d'un autre film.
Le film devient néanmoins percutant lors de rares scènes ( celle avec Xavier Dolan comme dit précédemment ) comme celle lors du match avec Grippe - Sou et une petite fille ainsi que le traitement apporté au personnage de Stan , percutant dans sa froideur tragique.
Le casting , bien que ressemblant parfaitement aux enfants , n'en est pas pour autant du même niveau et l'on regrette un mimétisme clinique des traits des personnages et un manque d'investissement flagrant. Néanmoins , Bill Hader offre une prestation impressionnante de justesse , de comique et de tragique qui sauve en bonne partie le film , secondé par un Bill Skarsgård toujours aussi malsain en Grippe - Sou.
La grande question est " que restera - t - il de ce diptyque quand les années défileront ? ". Bien qu'il demeure dans le haut du panier des adaptations de King , l'échec de ce second chapitre risque de porter préjudice à l'impact de cette histoire pour les spectateurs et de ternir le premier chapitre , éclatante réussite infiniment plus maîtrisée ( et aussi moins ambitieux ). En tout cas , je ne flotte pas. Et vous ?
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Créée
le 20 sept. 2019
Critique lue 195 fois
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