Çans merci !

Ça, par exemple… une saga horrifique qui marche aussi bien au ciné et qui provoque autant de hype, je n’imaginais pas connaître cela (on va éviter de mettre trop de « ça » pour des raisons évidentes) de mon vivant. C’est une réelle satisfaction étant donné que je suis fan du genre de l’épouvante, que j’avais bien apprécié le premier volet et que j’adore le livre depuis des années. C’est sans aucun doute le livre qui m’a le plus effrayé dans ma vie. J’admets faciliter les choses en sachant que j’ai lu très peu de livres horrifiques mais il m’a néanmoins marqué ! Le premier film a réussi à bien respecté l’œuvre originale. L’argument du « film ne fait pas peur par rapport au livre » est d’un sophisme accablant. Il est évident que le livre fera infiniment plus peur étant donné que Ça exploite les peurs humaines à son paroxysme et que notre imagination est très douée pour s’imaginer des scènes épouvantables. Alors que le film est obligé de les mettre en scène, chacun réagissant différemment. Et puis Stephen King a ce don pour nous mettre mal à l’aise, donc donnons-lui un peu de crédit. Alors que donne ce second volet, me diriez-vous très justement ?

Et bien, ce n’est pas si mal... Disons que selon moi, il a plus de défauts que le premier. Notamment sa fâcheuse gestion de l’humour. Je sais bien que ce qui cartonne en ce moment au box-office c’est le MCU mais il n’y a pas besoin de s’en inspirer là-dessus… surtout pour un film d’épouvante. Parce que placer des pointes d’humour lors d’un moment de haute tension, où une créature géante est sur le point de te trucider, je ne sais pas ça ne colle pas du tout. Typiquement le genre de choses que ne faisait jamais le livre par exemple. On étouffait durant des pages et des pages. Ici ça tue carrément tous les efforts de réalisation pour effrayer le spectateur.

Ensuite j’ai constaté une certaine répétitivité dans les scènes d’épouvante. Pas sur le plan des transformations de Grippe-Sou, assez fidèles au livre en l’état et réussies, mais sur la façon dont les scènes s’orchestrent. On a un moment de silence, Grippe-Sou surprend avec un jump-scare, attaque sa victime qui parvient finalement à s’enfuir. C’est bien dommage d’ailleurs que ma scène préférée du film soit finalement… celle du trailer, où Beverley est attaquée par la vieille dame.

Le film a plus de défauts et peut-être un peu moins de qualités. Il n’y a plus le côté « jeunesse insouciante » du premier film. Pour certains ce sera un plus parce qu’ils trouvaient les gamins insupportables, pour d’autres comme moi ce sera une petite perte parce que les gamins sont attachants et sympathiques. Je parle de petite perte parce que l’on voit suffisamment les gamins dans ce second film, suffisamment si on les apprécie mais également si on ne les porte pas dans son cœur. Cette suite est dans le même veine que le premier film. Dans l’esprit du téléfilm des années 80, on pourrait coller les deux films que cela s’emboîterait sans trop de difficultés. Et c’est particulièrement satisfaisant du point de vue de la narration et de la cohérence de l’histoire.

Le film a beau durer 3 heures on ne voit pas le temps passer. En tout cas en ce qui me concerne. Il est évident que chacun ne réagit pas pareil devant un film d’une telle durée. Cela fonctionne bien en l’état parce que le rythme est bon et que les scènes s’enchaînent bien. Malgré tout, certains passages sont clairement rushés, notamment ceux avec Henry Bowers, expédié comme jamais. C’est un peu dommage mais compréhensible : peut-on adapter 1 600 pages en 5 heures ? C’est du domaine de l’impossible.

Globalement il me parait évident que les deux films respectent bien l’œuvre originale et son héritage. Sans prendre trop de risques je vais vous admettre que c’est mon adaptation préférée d’une œuvre du King après l’indéboulonnable Shining. Je ne sais pas comment survivra cette nouvelle adaptation de Ça à travers les années, si elle sera considérée comme « culte » par les nouvelles générations.

Ce qui est sûr et certain, c’est que l’œuvre a su prendre quelques risques. Dans ce second volet les enfants tombent comme des mouches. Je ne suis pas sûr d’avoir vu un film si hype tuer autant d’enfants. On vit dans un monde si aseptisé que l’on finit par s’en réjouir et à redemander, c’est flippant n’est-ce pas ?