Des choses gentilles à dire sur ce film :

Ce qui revient le plus souvent quand on aborde Fast Times at Ridgemont High, c’est oh là làààà Phoebe Cates et ooooh là là Sean Penn. Et en gros ouais, c’est à peu près ça : Phoebe Cates dans ce film me renverra jusqu’à la fin de ma vie à la puberté et le mystère Sean Penn continuera de me hanter comme Rennes-le-Château a fasciné Jimmy Guieu. Mais Fast Times at Ridgemont High c’est plein d’autres petites choses... À commencer par la petite anecdote selon laquelle Cameron Crowe se serait, en plus de sa propre vie de lycée, appuyé sur une session de journalisme d’investigation au cours de laquelle il serait retourné au lycée pour écrire le roman dont est tiré le film réalisé par Amy Heckerling.

Le charme de Fast Times at Ridgemont High réside ensuite dans son côté années 1980 pur jus aussi bien dans son côté réel que, bizarrement, dans son côté fantasmé capté par le film avec notamment la question de l’émancipation et de l’indépendance par les p’tits boulots... et la mise en valeur de centres commerciaux d’Épinal ou de chaînes de fast-food dans lesquels travaillent une bonne partie des personnages (les autres y glandent). C’est anecdotique mais ça imprègne tout le film.

Ce que va cristalliser aussi Fast Times at Ridgemont High c’est une espèce d’insouciance, pas tant en terme de thématique narrative ou de psychologie de personnages même si c’est bien présent, que de traitement cinématographique même, témoin aussi des mœurs d’une autre époque... avec ce que ça a de bien et de moins bien. C’est très marqué dans la question de l’avortement, traitée de manière à la fois brutale et nonchalante, froide et pourtant assez juste... ce qui aurait, à partir de la décennie suivante, constitué un enjeu dramatique majeur et aurait, surtout, été traité de manière paradoxalement plus rétrograde avec, le plus souvent, une victoire de la bonne morale est ici abordé avec détachement, dans ce que ça a de plus commun. Ce qui ne passerait plus du tout non plus, c’est la première fois de Stacy (Jennifer Jason Leigh), mineure, avec un étudiant 10 ans plus âgé sur le banc de l’équipe de baseball où elle fixe un « surf nazi » inscrit sur un mur. La scène est tout aussi glauque (avec le recul) qu’empreinte d’une légèreté qui serait considérée à présent comme complètement inappropriée... d’autant qu’elle n’a absolument aucun impact sur la suite de la vie du personnage.

Tout ça, plus même que les blagues autour des albums de Led Zeppelin ou des filles qui se prennent pour Pat Benatar (même si ces gags sont particulièrement savoureux), enrobe Fast Times at Ridgemont High d’une aura de comédie régressive assez intéressante.

Et puis, bien sûr, ça fait partie de ces films de l’époque qui révélaient les acteurs par grappes. Au-delà de Sean Penn et Phoebe Cates et Jennifer Jason Leigh, donc, on retrouve Judge Reinhold qui lave sa buick, Forest Whitaker en quaterback ronchon et fan des Earth wind and fire, Anthony Edwards et Eric Stolz en potes de défonce fugaces, ou bien Nic – encore Coppola à l’époque – Cage qu’on aperçoit furtivement coller un papier « I’m a homo » sur le dos d’un élève mais aussi retourner des burgers... auxquels s’ajoute le déjà confirmé Vincent Schiavelli, en prof de sciences délirant.

Un teen movie plutôt chouette en somme.

Hum... ce film ne compte assez d'ingrédients pour jouer au bingo avec une grille de 36 cases, mais voilà quand-même les 25 ingrédients repérés

Bonus

Riviera détente > « Si tu vois ce que je veux dire »

Personnage > Agissement

À voix haute > S’entraîne avant de... – Course-poursuite > Double des véhicules en zigzag – Passion > Se fait draguer – Se regarde dans un miroir > Maquillage, nœud de cravate, etc. – Stylé > S’exclament la même chose et en même temps

Personnage > Citation

S’exclame > « Tu es/vous êtes viré·e ! »

Personnage secondaire

Foule en délire > Concert, spectacle, manifestation sportive

Réalisation

Fin > Que sont-elles/ils devenu·es ? – Grammaire > Passage musical

Réalisation > Audio

Ambiance sonore > Aaaah, ce petit air au piano en arrière-plan sonore des scènes qui se passent au restaurant – Ambiance sonore > Haut-parleur d’hôpital qui appelle un docteur – Course-poursuite > Effet Doppler

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Est bourré·e ou drogué·e (gag) – Triche de manière à la fois ingénieuse et grossière

Scénario > Contexte spatio-temporel

Bal de promo – Vestiaire de lycée

Thème > N’importe quoi

Non-suspension d’incrédulité > Lycéen·nes incarné·es par des acteurs ou actrices de plus de 25 ans

Thème > Rejets, moqueries ou discriminations

Objectification sexuelle > Reluque un homme

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Bombasse mise en valeur par un ralenti et une musique sexy – Objectification sexuelle > Nichons, fesses – Objectification sexuelle > Reluque une femme – Objectification sexuelle > Tenues légères

Thème > Testostérone

Bagarre > S’interpose entre deux esprits échauffés qui veulent se la donner – Truc de mecs > Donne une leçon de virilité

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

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