En plus d'être l'un des premiers péplum (Quo Vadis notamment le précéda) de l'histoire du cinéma, Cabiria sera aussi l'oeuvre qui va impressionner et inspirer David Griffith, pionnier d'Hollywood et du blockbuster.
Ici, on nous envoie en pleine deuxième guerre punique où un espion va infiltrer Carthage, et l'on va suivre en même temps le destin de la jeune Cabiria, fille enlevée qui va être sauvée d'un sacrifice. Giovanni Pastrone a la bonne idée de diviser son oeuvre en plusieurs feuilletons, cinq épisodes au total, pour mieux tenir en haleine le spectateur, et il faut au moins ça pour s'y retrouver dans un scénario aussi (trop) riche, où les actions et bouleversements ne manquent pas.
Cela associée à la maîtrise de Pastrone derrière la caméra permet à l'oeuvre de ne jamais ennuyer, on s'intéresse aux destins des personnages, notamment Maciste et sa force herculéenne, Fulvio et Cabiria. Au delà de l'aspect révolutionnaire de l'oeuvre et de son importance historique (plusieurs très bons articles reviendront en longueur sur ça!), on ne peut qu'admirer le travail de reconstitution avec des décors pharaoniques et d'une ampleur rare, tout comme les nombreux figurants, tout cela participe à l'immersion dans l'oeuvre et l'histoire, ainsi qu'à une certaine ambiance presque fascinante planant tout le long sur l'oeuvre.
Tournée entre Turin, la Sicile et la Tunisie, Cabiria impressionne aussi par son aspect technique, où l'on peut admirer quelques travellings particulièrement réussis, ainsi que des plans mémorables, sublimant plusieurs séquences. Si on peut regretter un aspect parfois un peu trop théâtral, notamment chez les comédiens, ce n'est pas forcément préjudiciable pour apprécier l'oeuvre, surtout que le contexte raconté est passionnant, et bien décrit. On peut aussi noter une certaine qualité dans le montage, ainsi qu'un côté épique dans les moments adéquats.
Participant pleinement à poser les bases du cinéma dans la forme que l'on connaît actuellement, Giovanni Pastrone propose avec Cabiria un péplum non sans faille mais particulièrement spectaculaire, et passionnant par son contexte et ses personnages.
Le film en intégralité sur ici.