Cabrini dresse le portrait d’une femme superbe dans sa force et sa fragilité, une femme de foi se heurtant aux montagnes institutionnelles, sociales et masculines qui se dressent devant elle. Rien ne l’arrête. Sans aucune santé, elle a un caractère de fer et un cœur de feu. Elle n’a pas seulement du cœur, elle sait aussi convaincre, organiser, se retrousser les manches, prendre des risques, lever des fonds et également se servir du levier de la pression électorale pour obtenir ce dont elle a besoin ou solliciter la presse.
Cette femme sans moyen, s’est battue pour les enfants italiens émigrés aux USA vivant moins bien que les rats. Alors que tous cherchent à la faire taire, elle refuse de plier. « Restez à votre place ma mère », cette phrase prononcée par un haut prélat de l’église catholique résonne dans la tête de Mère Cabrini comme une gifle sans cesse renouvelée mais qui l’aiguillonne à aller de l’avant. Sa place, on avait décrété qu’elle serait dans un lit à cause de sa santé ; on a décrété qu’elle serait dans la soumission en tant que femme. Mais elle se moque de la place qu’on lui assigne. Elle se bat pour la vie d’êtres humains sans défense. Elle tient tête à tous et elle réussit à mettre le pape de son côté en invoquant la figure de Marie-Madeleine : la femme que le Christ a choisi pour annoncer l’évangile aux apôtres.
Cabrini pourrait sembler caricatural dans sa représentation des obstacles rencontrés. Pourtant il suffit de connaître l’histoire des fondatrices catholiques (pour rester dans le registre du film) pour savoir que ce qui est décrit ici reflète bien ce qu’elles ont pu traverser quand elles voulaient entreprendre quelque chose et la façon dont elles étaient méprisées, en tant que femmes, par les hommes au pouvoir.
Cette belle personnalité est mise en valeur par une réalisation superbes à la photographie soignée et aux images sensorielles qui nous font ressentir la bataille intérieure de Mère Cabrini contre le désespoir.
Un très beau film pour une très belle personnalité.
« - C’est dommage que vous soyez une femme, ma Mère ! Vous auriez fait un homme excellent !
- Ho non ! Les hommes ne pourront jamais faire ce que nous faisons ! »