Director’s cut
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198 minutes, couleur et Noir&Blanc se confondent. Goethe, Dostoïevski, Beethoven, Vivaldi… De l’hommage : Hong Sang-soo, Park Chan-wook, Kim Ki-duk... Un critique de cinéma derrière la caméra pour sa première œuvre mise en scène. Café Noir (2009) est signé par Jung Sung-il et s’inscrit dans une démarche conceptuelle.
Où est l’émotion ? Pas dans Café Noir. Quoique parfois certains plans nous offrent une poésie sans borne. Que fait Jung Sung-il ? Il se branle. Beaucoup même. Il nous éjacule en pleine figure sa jolie verve jusqu’à l’excès. Jung Sung-il c’est un drôle de cinéaste. Un critique de cinéma cinéaste. Il fait revivre à lui tout seul la Nouvelle Vague française. Je la pensais morte celle-ci, d’un autre temps, bonne à survivre épisodiquement à la Cinémathèque française. Et bien non ! La Nouvelle Vague française n’est pas morte, elle se fait en Corée du Sud. Un homme du moins s’en fait la figure de proue : Jung Sung-il. Ce critique de cinéma cinéaste nous la joue comme François Truffaut et les Cahiers du Cinéma de l’époque avec sa touche propre. Quel type de cinéaste est donc ce critique de cinéma ? Il est un mixte improbable entre Jean-Luc Godard et un Manoel de Oliveira, un ersatz des deux du moins. Un non-cinéaste. On ne sait pas bien ce qu’il raconte avec Café Noir (quel titre pompeux après coup). Une histoire d’amour multiple, ça c’est sûr. Pour le reste… c’est vain. C’est… prétentieux. Creux. Ridicule. Ennuyeux. Sans âme. Sublime aussi. Hypnotisant. Il y a un attrait pour cette œuvre qui s’en dégage. On la perçoit monotone comme on la trouve excitante. Il y a cette réalisation si stricte qu’elle nous étouffe mais aussi cette mise en scène un peu folle se dégageant de tout carcan.
Café Noir, c’est une œuvre quelque peu dépressive. Lunatique serait le bon terme. A la fois joyeuse et triste, trop carrée et désinvolte. Café Noir déçoit. Qu’est-ce que c’est que ce type qui étale avec dédain toute sa culture ? Un critique de cinéma cinéaste pardi ! Il fait parler des gamines comme la plupart des adultes (je ne suis pas dans le « plupart », c’est un niveau trop haut pour moi d’où mon désarroi). Il montre des gamins qui ne s’amusent pas à une « Birthday Party ». Le statisme est roi. Lorsque le théâtre se confond aux 24 images par seconde ça donne Café Noir. Une œuvre singulière, « autre », qui tue ce même roi du statisme pour nous inviter à cette course effrénée de Jung Yumi lorsqu’elle nous ne convie pas à une danse avec elle. Café Noir c’est Bollywood. Café Noir c’est une espèce de patchwork improbable qui se moque un peu de nous avec l’accumulation des références. C’est lourd. Café Noir réjouit. C’est un amour qu’elle nous donne même s’il est sale et moche. On ne saura pas le pourquoi de certains choix esthétiques : le noir et blanc ? Qu’importe, Café Noir se lâche dans les méandres des relations humaines d’un monde moderne sclérosé. Les corps déambulent comme des morts-vivants, tombent et se relèvent, déblatèrent, souffrent, vivent d’un espoir déjà consumé. Café Noir c’est la vie… et la mort aussi.
Café Noir est une expérience à part entière, qu’on n’aime ou pas. Ce n’est pas vraiment du « cinéma » à proprement parlé, plus un objet filmique de l’ordre de l’expérimentale. Du cinéma expérimental en somme où Jung Sung-il ne fait pas du cinéma dit « d’auteur » mais où il s’essaye à en faire comme exercice de style. Café Noir est à part. Il est à la fois fascinant mais aussi très énervant. Pour ma part, je le respecte et l’apprécie autant que je le vomis. Au-delà de tout ça, il y a une chose qui me semble indéniable, c'est que ce film a le mérite d'exister. On ne peut qu’apprécier la démarche bien que l’expérience s’avère parfois douloureuse. Jung Sung-il fait-il du Cinéma ? Rien n’est moins sûr. Il fait le sien en tout cas.
Créée
le 26 nov. 2013
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