J'aimerais voir plus souvent des films de ce calibre (...), qui ne brillent pas particulièrement par leurs ambitions mais qui se tiennent à leur cahier des charges sans esbroufe, sans grosse coquille. Qui plus est quand un cachet particulier vient enluminer le tout : en l'occurrence, le cadre très photogénique des Highlands, non loin d'Oban.
Dans ce genre de thriller, les gros couacs apparaissent en général à la première mauvaise réaction du ou des protagonistes, justifiée uniquement par les besoins d'un scénario bancal. Ici, lorsque l'irréparable survient au milieu de la forêt lors d'une partie de chasse, "Calibre" fait tout pour rassembler un maximum d'arguments de son côté. Ce n'est pas parfait, quelques articulations craquent un peu, mais c'est somme toute assez bien négocié.
La description de la communauté écossaise rurale, vivant presque en autarcie, est relativement bien faite. Pas de caricature, diégétique ou extra-diégétique : les habitants sont à peu près crédibles, et les messages / signaux d'alerte pour le spectateur sont en quantité juste suffisante. La menace sourde gronde quelque part, mais jamais le film ne versera dans l'outrance, dans le grand n'importe quoi ou dans le fantastique. C'est plutôt louable.
Évidemment, le spectre du film-matrice du genre hante celui de Matt Palmer. Dans sa confrontation entre la civilisation (au sens de l'humanité usée par la vie citadine) et la nature (idéalisée, méconnue, oubliée), difficile de ne pas penser à "Délivrance" de Boorman. Ici, le film en fait sans doute un peu trop sur le thème des étrangers qui introduisent les vices de la ville, à commencer par la cocaïne. Mais l'arrogance des uns se heurtant à la brutalité sauvage des autres fonctionne toujours dans une certaine mesure, même si le scénario n'est pas sans faille et se révèle assez prévisible. Le programme reste bien tenu.