Des personnages perdus en route

Etonnant qu’un film d’à peine plus d’une heure et demie puisse sembler aussi ennuyeux. Le scénario est pourtant riche en événements et John Farrow ne manque pas d’idées pour les mettre en images. Mais malgré les moyens importants mis à sa disposition et le charme de Barbara Stanwyck (aussi charismatique en Technicolor qu’en noir et blanc), le réalisateur d’origine australienne est incapable de faire décoller une histoire qui part dans tous les sens, alternant des séquences opératiques totalement ridicules (l’introduction grandiloquente qui vante les beautés de la Californie ou l’annonce de la découverte de l’or et son montage façon Eisenstein sur une musique expressionniste boursouflée) et d’autres plus réussies, notamment le défilé de chariots ou le long plan séquence virtuose du bal dans l’hacienda. Le tout manque cruellement d’unité et d’intensité dramatique et le pourtant intéressant message politique et humaniste du film se perd dans les fioritures formalistes d’une mise en scène qui oublie ses personnages en route.