Benny Chan fidèle à lui-même signe un blockbuster efficace et souvent percutant au détriment d'un scénario passe-partout et d'un style impersonnel. Personnellement ça ne me dérange pas du tout car je considère qu'il l'est l'un des dernier artisan du cinéma (et pas seulement asiatique), un homme sans grande prétention et qui a coeur de divertir son public sans jamais bâcler sa mise en scène.
Cette grosse production hk/Chine n'a pas ainsi sacrifié son style pour plaire absolument au "mainlanders" : pas de discours patriotique ou nationaliste, pas d'effets tape à l'oeil ou de délires numériques et des acteurs essentiellement hong-kongais : Lau Ching-wan, Eddie Peng, Louis Koo et Jing Wu pour les rôles principaux. :)
L'approche est old-school, clairement orienté et assumé vers le western avec un remake pas très lointain de Rio Bravo où un Shérif (Lau Ching-wan) doit conserver en prison un méchant (Louis Koo) avec la menace d'être tuer par ses sbires qui menacent aussi le village entier.
Un scénario au final tout ce qu'il y a de plus basique et en grande partie prévisible mais il y a la petite touche HK pour faire la différence. Benny Chan se permet ainsi le luxe de sacrifier rapidement plusieurs innocents qu'on pensait intouchables
un enfant et l'institutrice !
Ce sadisme gratuit permet à Louis Koo d'être en contre-emploi total et il pousse tellement loin la perversité qu'il en devient une des grandes qualités du film. Un manipulateur adorant torturés psychologiquement ceux qui lui tiennent tête avant pour mieux les anéantir physiquement plus tard. Son interprétation est caricatural à souhait mais l'outrance sied au caractère et permet au film de garder une mesure d’imprévisibilité. C'est à ce titre le seul vrai personnage à surprendre un peu, les "héros" étant formatés et stéréotypés au possible : le shérif incorruptible et le lonesome rider qui viendra quand même aider les villageois.
Le scénario est tout de toute façon conçu pour intégrer un grand nombre de scènes d'actions qui sont chorégraphiés par Sammo Hung. Et je dois avouer que ça fait un moment que je ne l'avais pas vu aussi en forme le père Sammo et plusieurs de ses combats sont assez épiques : l'attaque nocturne de la prison qui possède de sacrés échanges aux armes blanches, le combat sur le pont en bois cernés de mortelles lances en bambous et bien-sûr le final qui trouvent quelques idées/variations vraiment fun : la montagne de jarres (malgré quelques SFX trop visibles pour le coup) ou la balle logée dans le sabre. Une des raisons de la réussite des chorégraphies vient tout simplement de la réalisation parfaitement maîtrisée et fluide : rien de sur-découpé ou de trop rapproché par exemple. Un vrai savoir-faire qui se fait de plus en plus rares mine de rien.
J'ai pu voir le film en 3D. Si elle n'est pas primordiale, on voit que Benny Chan sait tout de même l'utiliser à bon escient en utilisant de nombreux plans larges, ce qui accentue l'isolement des personnages qui apparaissent bien petit, dérisoires et fragiles à l'écran lors des moments calmes qui ne manquent par ailleurs pas de tensions.
Si vous cherchez des enjeux dramatiques inédits, de la profondeur et de l'originalité passez votre chemin. En revanche, si vous cherchez un film d'action bien torché et sans longueur, il y a des chances pour que ça vous plaise.