Catholicisme et conséquences.
En début d'année, le beau et touchant "Philomena" abordait le problème des jeunes femmes "perdues", confiées par leurs familles à des couvents, du fait de leur grossesse, jetant l'opprobre sur leurs familles. On peut aussi citer "The Magdalene Sisters" (2002), abordant le même sujet, avec douleur et violence.
Le royaume-uni, mais surtout l'Irlande, lieu de l'action du film, est un beau pays, entaché par des affaires de pédophilies, souvent étouffées, comme celui des adoptions d'enfants. Le cinéma britannique, fait un devoir de mémoire sur ce passé douloureux, sans oublier son présent, le tout sans concessions, en ne se cherchant pas d'excuses.
C'est dans cette optique, que John Michael McDonagh aborde un autre sujet difficile au sein des institutions catholiques, celui de la pédophilie des prêtres. Mais il choisit de dénoncer cette déviance, en faisant du père James Lavelle, la victime des agissements de ses semblables, alors qu'il est un bon prêtre. Le choix peut surprendre, surtout qu'il est annoncé dès le début du film, lors d'une confession ou l'humour noir, laisse place à un sentiment de malaise. Le prêtre connait son futur assassin, pas le spectateur.
Interprété par l'immense Brendan Gleeson, acteur irlandais et second rôle solide. Il tenait déjà le premier rôle, dans le précédent film de John Michael McDonagh "L'irlandais", une comédie policière réussie. Acteur imposant, mais discret, révélé en 1998 dans "Le général" de John Boorman, avant d'être consacré dans la saga Harry Potter, dans le rôle d'Alastor Maugrey dit Fol Œil. Pourtant, il reste un acteur confidentiel, à l'image du regretté Philip Seymour Hoffman, dont il partage la même corpulence et la capacité à exceller aussi bien dans le drame, que dans la comédie, grâce à la subtilité de leur jeu.
Dans cette comédie dramatique, son personnage de prêtre humain, sachant manier le verbe avec ironie, sans s'ennuyer des conventions, lui sied à merveille. Un homme entrait dans les ordres après le décès de sa femme, qui a pour seul compagnon, son chien Bruno, avant que sa fille Fiona, vienne trouver du réconfort auprès de lui, suite à une nouvelle déception amoureuse.
Mais il ne lui reste qu'un semaine à vivre, avant de payer pour les péchés d'autres prêtres. On va découvrir une galerie de personnages, reflet d'une société en pleine perdition. Une femme volage, goûtant aussi bien aux plaisirs de la chair, que ceux des stupéfiants, son mari acceptant ses choix, vu que cela lui permet de mieux apprécier sa nouvelle vie tranquille. Un médecin, confronté tout les jours à la mort, se protégeant derrière son cynisme. Un écrivain vieillissant et isolé, voulant mettre fin à ses jours, avant de perdre le contrôle de son corps et de son esprit. Un immigré ivoirien, regardant d'un sale oeil, le catholicisme, en rappelant ses exactions en Afrique. Un riche homme d'affaires, voulant racheter ses péchés avec son argent sale et abandonné par sa femme et ses enfants. Un policier vivant dans le péché, avec son jeune gigolo. Un autre prêtre inculte, dénué de réflexion. Enfin, un tavernier entrain de perdre son seul bien, qui est aussi le lieu ou se retrouve tout ce beau monde.
Un microcosme réuni en un seul endroit, portrait des méfaits de la religion, au travers de ses personnages jouaient par des acteurs issus de la télévision :Chris O'Dowd (the IT crowd, family tree) et Aidan Gillen (The Wire, Game of Thrones), du cinéma avec l'immense M.Emmett Walsh, sans oublier Kelly Reilly, Isaach de Bankolé et Marie-Josée Croze, entre autres. Un casting solide, entourant efficacement Brendan Gleeson.
Mais les dialogues, tout comme les différentes scènes souffrent de profondeur. Le film oscillant entre drame et comédie, avec cette intrigue en fond, qui est une simple excuse, pour parler de notre société actuelle, au travers de ses divers protagonistes. Une tentative poussive de provoquer, comme lors de cette scène inutile de l'homme d'affaire urinant sur un de ses tableaux, pour démontrer qu'il peut tout ce permettre. La critique est intéressante, mais sa mise en pratique, n'est guère passionnante, le film tournant un peu à vide, se perdant dans de beaux plans des rivages irlandais.
Son final, même annoncé et surprenant. Il a sa logique, le prêtre ayant subi toutes les attaques verbales, physiques et personnelles possibles. Puis, la découverte du coupable, qui est aussi la victime d'un autre prêtre, n'apporte pas grand chose. Même si l'intrigue était en fil rouge, c'est surtout le portrait de ces gens, qui pouvait être passionnant, mais ne parvenant que rarement à l'être.
Un film, au sujet sensible, parfois drôle, rarement émouvant, un peu vain et manquant de profondeur. La performance de Brendan Gleeson, restant l'atout majeur, d'une histoire qui avait un fort potentiel, mais ne l'exploite pas assez, dommage.