Un peu convenu
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le 29 mai 2023
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Quatrième long-métrage d’Inés María Barrionuevo, née en 1980, en Argentine, Camila sortira ce soir accompagne les émois de son héroïne éponyme, déplacée de La Plata à Buenos Aires par l’hospitalisation, ultime, de sa grand-mère. Sa propre mère (Adriana Ferrer), sa sœur et elle-même emménagent dans le grand appartement citadin et bourgeois, à présent déserté, mais comme plongé dans le formol par la menace qui pèse sur l’aïeule. Durant cette hospitalisation d’une figure familiale que Camila (Nina Dziembrowski) n’aimait pas, l’adolescente affronte son insertion dans un nouveau lycée, privé celui-ci, et les liens complexes qu’elle y noue, avec un, puis une camarade de classe (Maïte Valero).
Sur un scénario d’Andrés Aloi, la réalisatrice argentine tisse habilement des thèmes aussi différents que les rapports entre élèves au sein d’un établissement et les risques de harcèlement auxquels ils peuvent aboutir, la vengeance amoureuse, l’ouverture à la sexualité, voire aux sexualités, les grossesses non désirées, les premières prises de conscience sociétales, la découverte de la politique, les premières manifestations, l’engagement, le regard porté sur les actions des adultes…
Hormis durant les nuits évoquées par le titre, où les teintes se font plus chatoyantes, le chromatisme principal se déploie dans des tons froids, comme éteints, allant du bleu au vert, en passant par le gris. Les contours et les reliefs apparaissent souvent comme très légèrement floutés, légèrement brumeux. Monde des limbes parfaitement saisi par la directrice de la photographie, Constanza Sandoval, et qui rend bien compte d’un âge véritablement suspendu entre enfance et maturité, où ce qui fut doit s’éteindre mais où ce qui sera n’est pas encore advenu. Avec beaucoup de sensibilité, la progression du film renforce cette zone d’inquiétudes en rendant de plus en plus présente la question des générations. Si bien que, en un jeu de basculement assez subtil, c’est finalement sur la mère de Camila que se déplace l’attention dans les scènes finales. Figure initialement de l’ombre, occupant une position également instable et fragilisée, entre une génération qui s’éteint et une autre qui accède à sa féminité et à sa vie d’adulte. Mais figure qui a permis celles qui découlent d’elle, même si elle atteint les heures où elle doit affronter la mort de l’un des deux êtres qui lui ont donné la vie. Un décentrage-recentrage qui dramatise aussi de façon enrichissante l’accession à la vie de la jeune Camila, ses excès, ses transgressions, ses audaces…
Critique également disponible sur Le Mag du Ciné : https://www.lemagducine.fr/cinema/critiques-films/camila-sortira-ce-soir-film-ines-maria-barrionuevo-avis-10058417/
Créée
le 3 mai 2023
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