Visa pour Camille
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Entre fiction et réalisme, ce film dresse le portrait d'une femme entière et déterminée, Camille Lepage, qui va se chercher, à l'autre bout du monde. Se décentraliser pour mieux se retrouver, à plus de 2000km de chez elle en Centrafrique. Jeune journaliste d'à peine deux ans d'expérience, encore naïve, elle va se passionner pour la Centrafrique, l'explorer, la questionner, et s'en éprend totalement.
La mise en scène est simple, sèche, sans artifice et sans superflu. Grâce à ça, Boris Lojkine peut entrer au cœur du sujet; celui de la place de Camille en Centrafrique, qui apparaît comme une sorte de symbole de notre regard occidental, partagé entre humanisme et incompréhension. Lojkine illustre et remet également en question la place du journaliste face au conflit et à la violence. Plus généralement, il traite de la place des Hommes, les uns par rapport aux autres.
" Je trouve nécessaire de m’appuyer sur des détails concrets, qui incarnent les choses. C’est ce que je recherche au cinéma : le réel. Ou plutôt la vérité." -Boris LOJKINE
En plus d'être un biopic réussi, ce film constitue une véritable brèche pour découvrir la culture centre africaine. C'est grâce à des réalisations fidèles et réalistes telles qui celle ci que nous pouvons nous faire une idée fondée et perspicace sur ce qu'il se passe hors de nos frontières. En nous mettant à la place de Camille, témoin, le film nous fait entrer directement dans le vif du sujet, en nous plongeant directement au cœur du conflit et des enjeux de cette guerre, opposant anti-balakas et sélékas, chrétiens et musulmans.
Un ensemble de questions est soulevé, qui se rapportent à nous, à nos fonctionnalités, à notre ethnie, et face aux autres Hommes. La présence du journaliste influe-t-elle sur le comportement des gens? Se donnent-ils d'avantage en spectacle? Comment alors considérer les faits, sont ils authentiques, ou calculés? La présence du journaliste est-elle justifiée? Et plus généralement quelle est notre place, à nous, étranger face aux conflits des autres pays? Comment cette blanche, protégée par sa nationalité et ses papiers (qu'elle brandira de nombreuses fois durant le film, en guise de bouclier), peut-elle cohabiter et être acceptée par les nationaux? Elle, qui est au sein de la guerre sans réellement la vivre et la subir, si ce n'est par le regard, et eux, qui en sont les victimes permanentes?
"Camille" établis un vrai rapport de distance, entre le photographe et son sujet, entre ethnies, entre le journaliste de passage et la victime de guerre, destiné à la subir jusqu'au bout.
Un film de plus qui tend à nous faire prendre du recul en tant qu’Homme, et à reconsidérer quelques peu notre manière de fonctionner au sein de cette société.
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Créée
le 25 mars 2020
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