Visa pour Camille
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Ce film retrace l''histoire vraie de Camille Lepage, jeune photographe de 24 ans, idéaliste, amoureuse de la Centrafrique et assassinée dans ce pays alors qu'elle couvrait la guerre civile entre milices chrétienne et musulmane.
Camille a une autre vision de son métier : elle veut connaître les gens, sympathiser avec les habitants, comprendre la réalité du pays, s'impliquer, pas seulement être une photographe qui prend des clichés sans se soucier des réalités complexes d'un environnement pas facile à appréhender tant d'un point de vie politique que culturel.
2013/2014 le conflit rentre dans une escalade sans fin de violence et des massacres, bains de sang, lynchages, le pays est sous tension et vit dans la peur.
On y découvre des milices composées de jeunes immatures, sanguins, naïfs aussi et qui veulent en découdre, pleins de vengeance et de haine.
La violence, lynchages sont montrés sans fard mais remarquablement filmés.
L'Afrique noire dont tout le monde se fout est abandonnée à son sort, entre indifférence des médias, et de la communauté internationale.
Et quand la France intervient sous mandat de l'ONU son action ne sert pas à grand chose et n'arrête pas les lynchages.
Le réalisateur choisit une mise en scène hyper réaliste, filmée comme un documentaire, tout est remarquablement bien retranscrit (la scène du décès de la jeune photographe est toutefois volontairement occultée).
Mais choix remarquable : les scènes du film sont entrecoupées de vraies photos prises par Camille Lepage lors de ses reportages, arrêts sur images servant d'électrochocs pour le spectateur et qui donne un effet encore plus saisissant de réalité, encore plus puissant au film.
Surtout le film aborde les sujets déontologiques du métier de photographe (et plus généralement de journaliste), notamment de photographe de guerre.
Quel rôle pour un photographe de guerre ? Peut-il tout photographier, y compris des corps mutilés, des lynchages ? Tout montrer ?
Doit-il rester neutre comme le sont les autres photographes du film, qui se contentent de photographier et de témoigner ? En prenant le maximum de distances.
Doit-il prendre position ? S'impliquer dans le conflit avec le risque d'être pris pour un donneur de leçon, de vouloir s'ingérer dans une guerre civile qui le dépasse et qu'il ne comprend pas forcément? Et pas facile en tant que français quand on connaît le rôle, plus que négatif, avec son passé colonial, de la France dans le passé de nombreux pays d'Afrique noire. Et encore moins facile quand on est une femme même si Camille à force de persévérance arrive à se faire accepter, y compris des miliciens. (Et aussi la "barrière des cultures" même si je n'aime pas trop cette expression).
Car la jeune photographe, elle, fait le choix de sympathiser avec les habitants, de discuter, de s'imprégner de leur mode de vie, de comprendre, ce qui la rend évidemment plus humaine et qui rajoute à la tragédie.
Car Camille Lepage (magnifiquement jouée par Nina Meurisse, excellente), amoureuse de la Centrafrique et de son métier en a payé le prix fort.
Un très bon film, bien réalisé et qui surtout aborde des sujets intéressants.
7.5/10
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Créée
le 19 oct. 2019
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