.. de ce petit bijou de film contestataire. Ce n'était pas la première fois que les distributeurs français faisaient n'importe quoi et ce ne sera pas la dernière. L'affiche, elle aussi, vise totalement à côté de la plaque. Bref.
Elliot Gould joue un étudiant attardé qui veut devenir prof de littérature mais a du mal à se débarrasser de ses convictions personnelles, qui ne vont pas vraiment dans le sens du courant réac' de l'Amérique d'alors (d'où le titre original: Getting Straight, qui veut dire "Comment devenir bourge"). On est à la fin des années 60 et les étudiants ont des choses à dire, surtout en ce qui concerne leur avenir. Surtout quand les flics les tuent sans sommation.
Tourné dans une université d'Etat (en Oregon) pleine de vitres, le film repose sur une mise en scène transparente à longue focale qui montre brillamment l'intérieur et l'extérieur des lieux et des gens. A la lumière et à la caméra, Laszlo Kovacs, l'un des meilleurs chefs-op du XXe siècle, jongle avec un tel brio que les dialogues donnent l'impression de danser avec les images, qui sont autant de portraits à la fois intimes et publics. Aucun personnage n'est traité à la légère ou caricaturalement, pas même les profs réacs (excellent Jon Lormer, en directeur de la fac). Les deux scènes d'émeute sont parmi les meilleures que j'aie vues au cinéma. (Peter Watkins n'est pas loin.)
Elliot Gould est époustouflant de colère et de frustration refoulées. Candice Bergen éclate dans l'un de ses tout premiers rôles. Et les fans d'un certain Han Solo seront ravis d'y voir leur contrebandier préféré dans l'un de ses premiers rôles, lui aussi.
Et si Richard Rush a réalisé par ailleurs le nullissime Color of Night, ce n'est pas une raison pour bouder ce chef-d'oeuvre mineur ; à réhabiliter d'urgence.