Candy
7.2
Candy

Film de Neil Armfield (2006)

When you can stop, you don’t want to ; when you want, you can’t.

Candy s’ouvre sur une superbe séquence de manège, où la force centripète permet aux occupants de s’affranchir des lois de la gravité. Dans la première partie, « Heaven », de nombreux plans sous-marins offrent une vision idéale du couple qu’on croirait presque sorti d’un film de Terence Malick. Leur beauté solaire, leur jeunesse pourrait en effet inviter à la contemplation et la célébration d’un carpe diem serein, s’il ne fallait se résoudre à y voir une vie aveugle et coupée du réel, noyée dans une osmose passionnelle et malsaine. Candy et Dan vivent à l’excès un présent éternel, la drogue les aidant à nier l’adversité, la nécessité et le futur lui-même. Les parents dépassés et malheureux ne peuvent conjurer la mécanique, quand le seul adulte (Rush, très touchant) référent est un riche compagnon de défonce, égrenant une philosophie cynique au fil d’un suicide serein et charismatique.
Ponctué d’une bande originale au charme imparable, porté par des comédiens exceptionnels, le film distille ainsi un charme noir qui, au gré des deux parties suivantes (Hearth puis Hell) voit s’enfoncer les protagonistes dans l’envers du décor psychotrope.

Les films sur la drogue sont légion, et obligent toujours à un parti pris qui oscillera entre une dénonciation clinquante (Requiem for a Dream) ou documentaire (Panique à Needle Park). Candy a le grand mérite de ne pas se fourvoyer et de garder une tonalité authentique, en dépit de petites longueurs et de quelques tentations à des ressorts scénaristiques un peu grossiers (le grossesse, ou la crise de Candy lorsqu’elle écrit sur tous les murs). Mais c’est bien la pudeur qui le caractérise la majeure partie du temps, à l’image de ce trauma infantile de la jeune fille, jamais développé et laissé en son jardin secret. De la même façon, le dénouement serein et permettant l’avènement d’une rédemption payée par certaines concessions se distingue par sa justesse, et couronne un film authentiquement émouvant, restituant brillamment les fulgurances d’une jeunesse aussi excessive qu’autodestructrice.
(7.5/10)

Un grand merci à GagReathle et sa promotion pour ce film méconnu. Cf. son avatar et sa brillante critique :

http://www.senscritique.com/film/Candy/critique/922224
Sergent_Pepper
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Psychologique, Adolescence, Mélo, Famille et Ces films que je soumets à mes élèves

Créée

le 8 mars 2015

Critique lue 1.2K fois

35 j'aime

7 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

35
7

D'autres avis sur Candy

Candy
Gothic
8

"Hashish to hashish, dust to dust"

L'amour, c'est comme l'héroïne: c'est beau quand c'est pur. Tel aurait pu être le leitmotiv des deux protagonistes de "Candy". Un drame dur, une histoire d'amour entre Candy et Dan, qui vont...

le 11 oct. 2014

54 j'aime

16

Candy
Sergent_Pepper
8

When you can stop, you don’t want to ; when you want, you can’t.

Candy s’ouvre sur une superbe séquence de manège, où la force centripète permet aux occupants de s’affranchir des lois de la gravité. Dans la première partie, « Heaven », de nombreux plans...

le 8 mars 2015

35 j'aime

7

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

617 j'aime

53