When you can stop, you don’t want to ; when you want, you can’t.
Candy s’ouvre sur une superbe séquence de manège, où la force centripète permet aux occupants de s’affranchir des lois de la gravité. Dans la première partie, « Heaven », de nombreux plans sous-marins offrent une vision idéale du couple qu’on croirait presque sorti d’un film de Terence Malick. Leur beauté solaire, leur jeunesse pourrait en effet inviter à la contemplation et la célébration d’un carpe diem serein, s’il ne fallait se résoudre à y voir une vie aveugle et coupée du réel, noyée dans une osmose passionnelle et malsaine. Candy et Dan vivent à l’excès un présent éternel, la drogue les aidant à nier l’adversité, la nécessité et le futur lui-même. Les parents dépassés et malheureux ne peuvent conjurer la mécanique, quand le seul adulte (Rush, très touchant) référent est un riche compagnon de défonce, égrenant une philosophie cynique au fil d’un suicide serein et charismatique.
Ponctué d’une bande originale au charme imparable, porté par des comédiens exceptionnels, le film distille ainsi un charme noir qui, au gré des deux parties suivantes (Hearth puis Hell) voit s’enfoncer les protagonistes dans l’envers du décor psychotrope.
Les films sur la drogue sont légion, et obligent toujours à un parti pris qui oscillera entre une dénonciation clinquante (Requiem for a Dream) ou documentaire (Panique à Needle Park). Candy a le grand mérite de ne pas se fourvoyer et de garder une tonalité authentique, en dépit de petites longueurs et de quelques tentations à des ressorts scénaristiques un peu grossiers (le grossesse, ou la crise de Candy lorsqu’elle écrit sur tous les murs). Mais c’est bien la pudeur qui le caractérise la majeure partie du temps, à l’image de ce trauma infantile de la jeune fille, jamais développé et laissé en son jardin secret. De la même façon, le dénouement serein et permettant l’avènement d’une rédemption payée par certaines concessions se distingue par sa justesse, et couronne un film authentiquement émouvant, restituant brillamment les fulgurances d’une jeunesse aussi excessive qu’autodestructrice.
(7.5/10)
Un grand merci à GagReathle et sa promotion pour ce film méconnu. Cf. son avatar et sa brillante critique :
http://www.senscritique.com/film/Candy/critique/922224