«Le chat est l’animal le plus dangereux qui soit». Cette citation pose d’emblée les bases de l’univers glauque et psychologiquement dérangeant de Yórgos Lánthimos. Canine raconte l’histoire d’une famille vivant dans une maison, les enfants ne l’ayant jamais quittée. Le seul lien avec l’extérieur étant le père, il est l’unique moyen pour eux de s’instruire. En changeant constamment le sens des mots, il les formatent, les rendant faibles face au monde extérieur. Le film instaure donc un rapport de force intra-familial déséquilibré et troublant, la seule condition pour en sortir étant la perte de leurs canines. Ce film utilise la symbolique de la maison y introduisant un régime totalitaire paternel où les violences physiques, morales, et sexuelles règnent et sont monnaies d’échanges. À travers cette utilisation d’un symbole de confort, le réalisateur rend esthétique une violence omniprésente et banalisée. La puissance de Canine, c’est ce déchaînement de violence, à la fois sur les personnages mais aussi dans un second temps en s’adressant aux spectateurs: la subissant sans y voir une lueur d’espoir. Le titre nous en dévoile la partie la plus cruelle: il est impossible pour les personnages de s’en sortir, car il est tout aussi impossible pour des adultes de perdre leurs canines.