Les téléspectateurs ? Ces veaux avachis gavés de chips et de bière ?
Bruno s’est rendu compte qu’il n’avait pas du tout attaqué les journalistes dans son premier Horror Cannibal (en fait, il s’agissait d’hommes blancs qui venaient taper sur des phillipins qui après redevenaient méchants), et qu’il n’avait pas refait certaines scènes, comme l’éventrage de femme enceinte, l’empalement de la femme violée ou le carnage final devant les caméras. Du coup, il met sur pied cette suite. Les dix premières minutes sont un régal. On assiste à l’éventrage de femme enceinte bien gore devant des blancs véritablement sexuellement excités par la violence qu’ils voient. Sourires grimaçants, regards fixés sur les intestins purulents, haussements de sourcils lourdement appuyés, la dénonciation des médias est telle qu’on est tout simplement mort de rire, tant la naïveté proprement caricaturale de la dénonciation tendrait à nous faire prendre la défense de ces derniers. Puis on a le portrait d’une reporter, à se pisser dessus quand on voit son caractère opportuniste et uniquement désireux de faire du fric en satisfaisant le public. Après, on se fait chier sévère pendant une heure, le temps que nos reporters trouvent enfin la trace des cannibales. Mais là, c’est du beau boulot. Nos reporters arrivent en traitant tous les phillipins de primitifs tarés, puis ils se mettent à leur taper dessus devant les caméras, et à foutre le feu à leur case en palmier pendant que ces derniers crient sans bouger au milieu des flammes. Ils grillent et se font tuer sans tenter quoi que ce soit, et les investisseurs du reportage se frottent les mains devant ces images, se voyant déjà faire des montagnes de fric avec. Les dialogues au sujet de la moralité des programmes sont proprement hallucinants de manichéisme, faisant des journalistes des criminels en puissance prêts à massacrer n’importe quoi pour faire de l’audimat. On en revient au débat sur les animaux avec l’égorgement en direct d’un iguane et son dépeçage devant la caméra (où la journaliste nous souhaite bon appétit), scène surréaliste tant la souffrance de la bête semble être ignorée. Enfin, on a droit à un carnage dans les règles, avec une caméra qui filme en grand angle du gore poisseux et gratuit. Puis là, Mattéi a une sorte d’idée visionnaire, et il nous parle alors d’images retouchés numériquement, puis de cannibales dans l’aire numérique. Et là, le film s’arrête, sans qu’on ait vraiment été relancé. Si ce film est beaucoup moins drôle que son prédécesseur, il garde quand même de belles séquences de connerie nawak qui valent toutes les parodies du monde. Une suite à la hauteur de son prédécesseur, mais qui peine quand même à nous passionner sur une heure trente.