Cannonball par Ninesisters
Dans les années 70/80, la Cannonball était une course sauvage et parfaitement illégale, dans laquelle les participants devaient aller le plus rapidement possible d'une côte à l'autre des USA, le tout en ne suivant qu'une seule règle : n'utiliser que des moyens terrestres. Les aventures de ces fous du volant ont connu plusieurs adaptations au cinéma, à commencer par ce Cannonball de 1976. Par contre (et ne me demandez pas pourquoi), Cannonball ne désigne pas ici le nom de la course mais celui du personnage incarné par David Carradine.
Ce premier long-métrage dédié à la Cannonball a été réalisé par Paul Bartel, acteur – réalisateur – scénariste – producteur méconnu du grand public, mais responsable de nombreuses séries B de qualité et délicieusement incorrectes. Avec le même David Carradine dans le rôle titre et toujours sur le thème de la course, il sera responsable quelques années plus tard du jouissif Death Race 2000, film axé sur une course dont le but est moins d'arriver premier que d'écraser un maximum de piétons.
Par rapport à l'Equipée du Cannonball, autre long-métrage dédié à la célèbre épreuve (qui connaitra plusieurs suites) qui se focalisait sur un casting improbable et un humour décalé, Paul Bartel fait lui le choix d'un semblant de réalisme et d'une violence crue, où certains personnages se montreront prêts à aller loin pour remporter la victoire finale.
Le réalisateur et scénariste a bien compris un élément fondamental : pour obtenir une bonne histoire sportive ou de duels, il faut de bons protagonistes. Tout en conservant un minimum de crédibilité, il arrive à nous dépeindre une galerie de conducteurs haut-en-couleurs : un champion allemand de courses « officielles » venu spécialement pour l'adrénaline, un équipage féminin qui n'hésitera jamais à user de ses charmes, un chauffeur chargé de conduire une voiture à New York mais en profite pour participer, deux tourtereaux qui ont emprunté la Corvette de papa, un chanteur de country qui veut utiliser la course pour se faire de la publicité, l'indispensable rival, et bien sûr l'ancien champion Cannonball. Des personnages vite attachants dont nous suivrons les péripéties avec plaisir ; j'ignore ce qu'il en ait pour la version originale, mais dans la VF, le pilote allemand possède quelques réflexions savoureuses comme « ach, si nous avions gagné, tous ces magnifiques paysages seraient aujourd'hui allemands ».
Comme indiqué plus haut, il s'agit d'un film volontier violent. N'allez pas croire à des histoires de « beauté du sport » ou autres bêtises : non seulement certains participants se détestent, mais une prime de 100.000$ a de quoi rendre dingue, sans parler de tous les paris organisés en parallèle par des individus peu scrupuleux qui feront tout pour voir leur poulain remporter la victoire finale. Sans aller jusqu'à la violence, même les plus vertueux pourront, dans le feu de l'action, faire preuve d'une certaine bassesse, mais pour autant, il s'agit d'un film effectivement violent. Et qui dit violence suppose que certains concurrents n'atteindront jamais la ligne d'arrivée. A vrai dire, ils n'atteindront plus jamais quoi que ce soit, car la course leur aura été fatal. Le pire étant atteint lors d'un carambolage monstrueux, malheureusement – et il s'agit d'un des rares moments ratés du film – plombé par une exagération vite exaspérante, les conducteurs « normaux » continuant de foncer dans le tas comme s'ils ne voyaient pas l'accident, et les voitures explosant au moindre léger contact...
Cannonball est un long-métrage efficace, avec ce qu'il faut de personnages variés, de retournements de situation, et surtout de vitesse, élément indispensable. Moins jouissif, politiquement incorrecte, et original que Death Race 2000 mais tout autant divertissant, je n'ai certainement pas boudé mon plaisir.