Dans sa définition, capharnaüm est un lieu qui renferme beaucoup de choses en désordre. Dans les rues de Beyrouth, les bidonvilles s’entassent dans la misère et des milliers d’enfants souffrent, livrés à eux-mêmes. La réalisatrice libanaise de « Caramel » a souhaité raconter le sort terrible de ces enfants pauvres en filmant des acteurs non professionnels. Tout le monde joue alors à peu près son propre rôle. Zaïn, 12 ans est l’un d’eux et force de maltraitances et de violences subies, décide d’attaquer ses parents en justice pour l’avoir mis au monde. Avec sa bouille d’ange, sa maturité et l’enfer qu’il vit, le gamin va provoquer en vous un défilé d’émotions jusqu’à en fondre en larmes. Au Liban, les parents libanais doivent payer pour déclarer leurs nouveaux nés. Sans état-civil, les enfants ne peuvent pas être admis à l’hôpital ou être scolarisés. Seuls et sans enfance, ils ne doivent alors compter que sur eux-mêmes et se débrouiller non pas pour vivre mais pour survivre. Nadine Labaki pointe aussi du doigt le souci des réfugiés avec l’exemple d’une femme éthiopienne et de son fils de deux ans, séparés à cause de papiers et de situation illégale. Prix du Jury au Festival de Cannes 2018, « Capharnaüm » est un film coup de poing qui nous ouvre les yeux sur ce qui se passe ailleurs.