Situé durant la période de déclin de la Hammer, Capitaine Kronos tueur de vampires, présente néanmoins des qualités de mise en scène et une certaine originalité. Malheureusement, L'exorciste est sorti quelques mois avant et a révolutionné le genre fantastique et d'horreur. Depuis cette date, l'horreur ne sera plus jamais pareille et les leviers et techniques employées par la Hammer pour faire peur sont éculés et devenus un peu ridicules (musique vieillotte, gros plans de visages horrifiés, travelings lents pour découvrir une image sensée choquer). Capitaine Kronos ne réussit jamais à faire peur, sauf peut-être lors d'une scène magnifique qui sort clairement du lot. Alors qu'une jeune fille se rend seule dans une chapelle pour prier, on l'observe d'abord en train de s'installer sur un banc. La photographie est magnifique et l'ambiance de cette chapelle isolée est angoissante. On voit clairement l'ombre d'une énorme croix projetée sur le mur immaculé situé à côté de la fille assise. La caméra se déplace latéralement pour s'immobiliser derrière une croix que l'on pense être à l'origine de l'ombre projetée. C'est alors que l'ombre de cette croix se déforme et qu'on réalise qu'il s'agit d'une personne qui a les bras tendus et qui les abaisse tout en s'approchant de la fille horrifiée. Génial! A elle seule, cette scène vaut le visionnage du film. Mais il y a d'autres attraits. L'originalité du scénario est de remplacer le vampire traditionnel par une créature diurne qui pompe la jeunesse de ses victimes plutôt que le sang. Caroline Munro, qui est ici très jeune, crève l'écran au milieu de ces têtes d'anglais par sa beauté sauvage et son charme exotique. Malheureusement, son jeu n'est pas à la hauteur de ses attraits physiques. Capitaine Kronos est également singulier par son mélange de genres, entre le film d'horreur campagnard de type chasse aux sorcières (sauf qu'il s'agit de vampires) et le film de cape et d'épée. On note de nombreuses scènes d'extérieur tournée dans la campagne anglaise et on regrette l'époque bénie de la Hammer gothique et des magnifiques décors de studios. Le groupe de chasseurs de vampires est composé de deux personnes qui me font penser aux deux héros du Bal des Vampires de Polanski. Comme dans ce film, il y a un professeur qui pratique des expériences minutieuses pour prouver la présence d'un vampire dans la région. Il y a une autre similitude au niveau de la menace qui est issue de l'aristocratie locale. Malheureusement, le film souffre d'un manque de moyens qui se ressent dans les décors et les effets spéciaux. Certaines scènes frisent le ridicule, comme lorsque nos héros tendent des fils à clochette dans la forêt pour les prévenir de l'arrivée de la menace ou lorsque plusieurs personnes restent hypnotisées pendant une scène de combat. Mais il faut regarder ce film comme un rafraichissement et tenter de ne garder que ses aspects positifs, ses plans parfois très réussis, son originalité relative et son brassage de genres.