Capitaine, Capitaine, vous n'êtes pas le Capitaine !

Pour le moment, la filmo de Paul Greengrass m'a plutôt convaincu. Les deux premiers Jason Bourne qu'il a réalisé sont des valeurs sûres, le troisième beaucoup moins pour des raisons évidentes, et Vol 93 m'a scotché tout du long. Autant j'aurais tendance à rapprocher ce dernier film de Captain Phillips, autant je dois bien avouer que le film dont il est question ici ne m'a pas convaincu… et à vrai dire, plus j'y repense, plus je me dis que je me suis retrouvé face à un film moyen.

Au moins, on sait d'entrée de jeu qu'on est dans un film de Paul Greengrass. On a droit à une jolie caméra à l'épaule lors de l'intégralité du film… même dans les moments où cela ne semble pas vraiment nécessaire. M'enfin, passons, ce n'est pas le plus important : dans l'ensemble, l'ambiance est réussie, la tension est là, c'est ce qui compte le plus.

Non, là où le film m'emmerde vraiment, c'est sur la manière de nous présenter ses personnages. Outre le fait que le personnage principal me soit antipathique, car interprété par Tom Hanks (acteur dont je ne suis clairement pas fan), j'étais du côté des Somaliens durant tout le long du film : ils sont plutôt réglos, viennent avant tout ici pour se faire du fric (vu d'où ils viennent franchement, je les comprends), l'équipage leur fait les 400 coups et pourtant ils ne s'en prennent pas trop à eux. Trop bons, trop cons, ils se font tuer comme des merdes à la fin et leur leader finit emprisonné aux US. Je ne me tiens pas trop au courant des attaques d'équipage, mais je comprendrais sans trop de problème le fait que depuis ces événements, elles soient plus violentes et qu'il y ait une victime ou deux afin de montrer qu'ici on ne rigole pas.

L'autre problème avec les personnages, c'est le fait que le capitaine Phillips ne paraît pas être tant que ça le héros dépeint dans le film : il semble ne pas avoir du tout anticipé l'attaque (au contraire même) et semble aussi s'être approprié l'exploit des autres membres de l'équipage. Même si je ne pense pas qu'un film basé sur des faits réels doit être rigoureusement factuel (sinon autant regarder un documentaire), ça amoindrit tout de même son intérêt. Bon au moins, on pourra dire que Tom Hanks est raccord avec la personne qu'il interprète niveau détestabilité.

J'ai beaucoup de mal aussi avec le propos qui se dégage du film, le côté politique. Si le film s'attarde quelques instants sur la situation des Somaliens, leur mode de vie, cet élément est très vite occulté. On a par contre droit à quelques piques glissées contre les employés du bateau qu'on nous présente comme des branleurs syndiqués qui ne pensent qu'à boire du café. En fait, que ce soit des autres Somaliens ou l'équipage du bateau, on n'en parle même plus une fois arrivée à la seconde partie du film, une fois le capitaine et les rançonneurs dans le canot de survie plus exactement. Dans cette même seconde partie, le long-métrage se focalise « enfin » sur les autorités américaines et leur gestion de la prise d'otage du capitaine… autant dire que cette seconde partie m'a encore plus ennuyé. Suivre des militaires américains ne m'a jamais enthousiasmé et ça n'a pas changé avec ce film. À la limite, il y aurait eu aussi quelques morts de leur côté, ça m'aurait plus enthousiasmé, mais ils se contentent de faire leur job simplement et proprement. Je serais tenté de dire que cette même seconde partie m'a quelque peu donné des relents de Roland Emmerich, en moins pire rassurez-vous, mais des relents quand même !

Bref, le film ne m'a pas emballé et du peu que j'ai vu de sa filmo, Paul Greengrass m'a déjà habitué à bien mieux. Pour le coup, je ne peux que vous recommander de (re)voir Vol 93, plus prenant, plus intense et même plus factuel.

Je retiendrai tout de même deux choses plus positives du long-métrage. Premièrement, le fait que le film a été tourné à bord du Maersk Alexander, un porte-conteneur identique au Maersk Alabama, le navire originellement détourné, et non en studio. Secondement, Barkhad Abdi, l'acteur américano-somalien interprétant le principal antagoniste du long, est très bon. Et au pire, maintenant je saurais d'où vient le meme « look at me » (dialogue improvisé d'ailleurs), mieux vaut tard que jamais…