On est des pirates Somaliens !

Ce film n'est pas surprenant et cela le rend vraiment surprenant. Je pense que ce film mérite une critique plus longue que cette phrase mais en soi tout est dit.

Capitaine Philips est un film de Paul Greengrass qui essaye de se vendre comme son nouveau Jason Bourne. Cela n'a rien à voir mais bon, c'est une comm accrocheuse. Je commence direct par un très bon point , ce qui devrait être une évidence mais qui ne l'est pas dans la plupart des autres films, la BA ne montre que des images du début du film et permet vraiment un changement d'ambiance sans spoil au milieu du film.

Le début du film nous présente de manière très brève le personnage par une simple discussion avec sa femme. On enchaîne direct avec la présentation des antagonistes, les pirates somaliens dans leur village. La rancoeur des hommes qui doivent devenir pirates pour échapper à la pauvreté est très bien retranscrite. On revient alors au Capitaine sur son bateau. La chose qui frappe c'est que durant tout le début, tout le monde à conscience du risque en permanence (la femme de Philips, le Capitaine qui reçoit des alertes par mails, l'équipage qui fait des exercices d'alerte au piratage). Et l'abordage arrive alors finalement tres vite après, la tension est donc permanente durant tout le film.

Ce qui est assez fou, c'est que c'est l'une des premières fois que je vois un film, Hollywoodien de surcroît, qui ne respecte si peu de codes des grands succès. Il n'y a qu'une seule intrigue qui tient sans pause tout le long du film. Aucune romance car 0 rôle féminin important ( la plus longue scène d'une femme dans le film : 3 min) . Pas de transformation de l'état d'esprit du héros. Ce film est en réalité simplement une prise d'otage filmée. Le réalisme du jeu d'acteurs et des situations est assez bluffant. Tout fait vrai. Ainsi dans n'importe quel huis clos, les personnages finirai par s'énerver, se dessouder et avoir des réactions, bien qu'humaines, stupides. Là rien, l'équipage reste uni deriere le capitaine et est toujours logique et intelligent. Pire, se sont les pirates qui ont ces réactions, et montre qu'ils ne sont au final que des amateurs qui cherche à vivre malgré leur misère.

Je crois qu'il n'y a pas d'effets spéciaux numériques dans le film ce qui participe évidemment à l'immersion car tout est vrai. La musique est bonne, tres discrète, surtout car le compositeur a compris que le silence est l'instrument le plus important d'une musique. Le casting est incroyable, surtout les somaliens et leurs voix ! Mon dieu, les accents africains qui essaye de baraguiner 3 mots d'anglais ( français en VF, qui est d'une qualité exceptionnelle ) et le dialecte avec les cris d'énervement font tellement vrais ! Le méchant principal, Muse , est vraiment terrifiant et je pèse mes mots. Il n'est pas fort , pas intelligent, pas préparé.
Il est juste armé et déterminé. Et c'est ouf.

La fin du film est logiquement le climax de la tension. Non pas par l'histoire qui est finalement assez prévisible . Mais elle nous montre un personnage tellement perdu, tellement terrifié que tout le réalisme du film nous retombe dessus.

On se dit que cela peut vraiment arriver.

Et enfin, la dernière image est un écran noir avec un texte qui nous rappelle que ce que l'on vient de voir est en fait une histoire vraie fictionnée.

C'est arrivé.

Pour conclure. Capitaine Philips n'est vraiment pas un film comme les autres. C'est un film qui fait vrai. Un peu comme une prise d'otage dont on est informé à la télé et dont on se demande quelle en sera l'issue. Mais du point de vue de l'otage.

Je vous le recommande, mais n'y aller pas pour les scènes d'actions ou une belle histoire. Juste pour être crispé , savoir ce qu'il va se passer mais finir par douter: "Et si il appuie sur cette détente ... "

Comme leçons :

• La tension est parfois un sentiment agréable




• Le silence est parfois la plus belle des musiques




• Le réalisme est parfois la fiction la plus difficile à prévoir