Harold et Georges, élèves de primaire particulièrement indisciplinés et les plus grands amis du monde, aiment faire rager le directeur de l’établissement par leurs mauvais coups. Mais le jour où celui-ci menace de les mettre dans des classes séparées, les deux amis décident de passer à l’action. Ils utilisent une bague hypnotisante qui met le directeur aux ordres des deux enfants. Ces derniers voient alors l’occasion de le faire incarner le super-héros qu’ils ont inventés dans leurs histoires, le capitaine Superslip. Mais ce dernier est encore plus idiot dans la réalité que dans leurs récits…
Quo non descendent ? (Jusqu'où ne descendront-ils pas ? pour les allergiques au latin). C’est la devise que les studios Dreamworks pourraient afficher en grande lettres d’or à leur porte. Avec Les Pingouins de Madagascar, Les Trolls et Baby Boss, je croyais avoir vu toute l’étendue de l’imbécillité des studios. Je me trompais. Ces films n’étaient qu’une torture bien douce en regard du catastrophique étron qu’est Capitaine Superslip. De fait, avec ce film, les studios Dreamworks franchissent encore un cap en nous proposant sans doute le plus gros navet qu’ils aient produit à ce jour. Pour les gens étranges qui n’auraient pas été rebutés par le titre et les bandes-annonces, il pourrait certes subsister dans l’esprit d’un spectateur qui sait que Dreamworks a autrefois produit de vraies merveilles (Les Croods, Dragons, Les Cinq légendes, Kung-Fu Panda) un relent de curiosité – d’inconscience, plus exactement – qui pourrait le pousser à commettre une monumentale erreur en tentant de voir le film.
Or, c’est ici ce qu’ils savent faire de pire que nous offrent les studios : personnages insupportables, scénario scandaleux d’indigence, humour pipi-caca constant… Le pire étant que les scénaristes tentent de montrer, par quelques blagues « métas » (les seuls qui occasionnent quelques vagues sourires) qu’ils sont bien conscients de l’idiotie de leur humour, mais aussi qu’ils en sont très fiers et n’ont nullement l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Au contraire, ils se trouvent même très spirituels – eux – de chercher à caser autant de fois en un film les mots « prout », « fesses » et « caca »…
Dès lors, rien ne peut sauver le film, pas plus les graphismes cartoonesques, qui s’avèrent étonnamment sympathiques et maîtrisés, que la morale pourtant prometteuse, qui vise à montrer que derrière un homme excessivement sévère peut se cacher une victime souffrant de sa solitude et méritant notre attention plus que notre mépris, mais qui se voit saccagée par l’ineptie totale et la démagogie mielleuse du scénario. Je tiens à préciser, pour montrer que je ne bâtis pas notre critique sur du sable, que le scénario nous propose un affrontement final entre le Capitaine Superslip (qui, pour vaincre le méchant, l’assènera de grands coups de caleçons) et des toilettes géantes remplies d’ordures radioactives, que le méchant utilise dans le but de bannir le rire dans le monde, but qu’il poursuit uniquement parce que son nom (Poopypants en VO) provoque les rires involontaires de tous… Tout commentaire serait superflu.
Finalement, pour peu que l’on ait tenu pendant le film, il faut tout de même reconnaître une double utilité au générique final. Tout d’abord, il vient nous libérer d’un supplice dont on croyait ne jamais voir la fin, ce qui lui donne d’étranges allures messianiques. Mais surtout, il nous offre une liste de noms, qui désignent autant de criminels dangereux, que l’on pourra imprimer et envoyer en courrier recommandé au président des Etats-Unis, afin que ce dernier fasse son boulot en enfermant immédiatement tous les psychopathes concernés. Ainsi, on n’aura pas tout-à-fait perdu notre temps, et l’on aura peut-être empêché que soient perpétrés bon nombre de nouveaux crimes contre l’intelligence humaine. C’est toujours ça de pris.