À mesure que Capitaine Superslip progresse dans sa narration trépidante se succèdent les barrières caustiques brillamment franchies, soit foncer tête baissée dans l’humour pipi-caca assumé à 200% et transformer chaque situation cocasse en poing levé au bon goût, en ode à la création et à la force de l’amitié dans une société rongée par la mauvaise discipline. Face à l’adulte qui brime et divise, reproduisant la solitude qui l’habite sur de jeunes tempéraments au naturel bon vivant, l’enfant lui oppose ses couleurs et surtout sa manière de tourner en dérision un monde dont il révèle les beautés parfois cachées mais toujours présentes, à l’instar de ce super-héros qui sommeille en chaque proviseur d’école : mettre à bas les artifices d’apparence, les non-dits et les rêves interdits pour apprendre à rire de soi et des autres. Cette idée malicieuse bénéficie d’une réalisation superbe mariant les plans inspirés et beaux, mêlant différents arts de l’animation pour notre plus grand plaisir ; on ressent l’amour du réalisateur pour le genre qu’il investit et les protagonistes qu’il met en place, donc pour son public qu’il ne prend jamais pour un imbécile en créant une profondeur dramaturgique à partir de ressorts comiques réputés triviaux. Theodore Shapiro livre une composition musicale incroyable et donne au film son souffle héroïque. En somme, Capitaine Superslip s’impose comme une œuvre d’animation d’excellente qualité qui, si elle souffre parfois de retournements scénaristiques un peu convenus et de légères répétitions, prend de court les productions actuelles en leur opposant frontalement un humour qu’elles n’osent plus employer. Tra-La Laaaa !