Après le mitigé Batman v Superman : l’Aube de la Justice, c’est au tour des studios Marvel/Disney d’occuper le paysage cinématographique de 2016 avec un nouveau film de super-héros qu'est Captain America : Civil War. L’occasion pour ces derniers de redorer le blason de leur univers initié avec Iron Man qui n’avait franchement pas impressionné lors de sa Phase 2. Surtout avec un Avengers : l’Ère d’Ultron plus que bancal et un Ant-Man certes sympathique mais pas inoubliable pour autant. Pour initier cette Phase 3, il fallait absolument que Marvel/Disney reprennent du poil de la bête. Qu’ils parviennent à captiver de nouveau son public, dont la majorité commençait sérieusement à se lasser de ce projet pharaonique. Verdict ?
Autant dire tout de suite que le troisième opus de Captain America remplit aisément son cahier des charges, et ce malgré quelques défauts non négligeables qui pourront en dérouter plus d’un. À commencer par un titre mensonger qui rappelle celui du second film : le Soldat de l’Hiver finalement réduit à un simple antagoniste secondaire alors qu’ici, la fameuse Civil War (arc narratif à grande ampleur des comics) nous apparaît comme une simple mise en bouche à la véritable raison de la dispute de nos personnages (que je tairai ici). Ou encore le fait que l’ensemble soit intitulé Captain America alors que cela aurait très pu s’appeler Avengers ou bien tout simplement Civil War que cela n’aurait rien changé. Un scénario qui ne tient donc pas toutes ses promesses en plus de se permettre quelques facilités d’écriture typiquement hollywoodiennes ou encore du fan service à tout-va (comme l’introduction soudaine de Spider-Man et d’Ant-Man au récit). Sans compter que l’équipe semble se reposer sur les lauriers des projets précédents, ne cherchant jamais à innover d’un point de vue technique. Il suffit de voir les effets spéciaux numériques, de bonne qualité mais toujours au même niveau (Iron Man donne vraiment l’impression d’avoir une armure en images de synthèse avec la tête de Robert Downey Jr. posée dessus). Bref, le genre de problèmes que nous retrouvons Marvel après Marvel !
Malgré cela, le long-métrage s’en sort très bien, étant donné qu’il réussit là où avait échoué non seulement Avengers 2 mais aussi Batman v Superman. À savoir devenir un chouïa plus sombre et mature (l’humour un peu gamin propre aux Marvel/Disney diminue ici) pour une intrigue qui redéfinit la définition de ce qu’est un super-héros. Étant donné que l’ensemble, comme le film de DC Comics/Warner, s’intéresse spécialement aux lourdes conséquences de leurs actions et des dommages collatéraux causées par ces dernières (destruction de bâtiments, décès de personnes civiles…). Cela n’a sans doute l’air de rien, vu que le but ultime de ce Captain America 3 est de divertir et que ces thématiques laissent rapidement la place à de l’action. Mais cela montre à quel point le producteur Kevin Feige et ses réalisateurs décident de faire évoluer leur univers et de l’amener vers quelque chose de plus abouti qu’à l’accoutumée. Comme en témoigne le personnage de Tony Stark/Iron Man, qui a bien changé depuis son tout premier long-métrage en 2008 (moins égocentrique et imprudent, plus réfléchi et sérieux qu’auparavant). En clair, même si l’ensemble se révèle être classique et cliché comme tout super-hero movie qui se respecte, Civil War surprend par sa maturité maîtrisée (bien plus que pour Avengers 2), ses retournements de situation, l’intérêt porté à chacun de ses personnages (même les secondaires tels que la Sorcière Rouge et Vision) et certains choix audacieux (un antagoniste simple, peu impressionnant mais tout aussi inquiétant et bien écrit).
Et côté rythme, le film fait preuve d’un véritable savoir-faire, sachant alterner entre séquences d’action rondement menées et moments intimistes véritablement touchants. Pour les premières, bien que les frères Russo n’aient pas le talent de Joss Whedon pour rendre l’ensemble spectaculaire, ils nous livrent des scènes dynamiques et divertissantes au possible. Pour les autres, vous vous étonnerez à vous prendre d’affection pour l’intégralité des protagonistes (surtout Captain America, que je trouve personnellement être le moins intéressant des Avengers, qui révèlent ici certaines faiblesses le rendant moins fade et boyscout). Réunissez tout cela, et vous obtenez un blockbuster pour le moins efficace qui saura retrouver l’intérêt du public. C’était même nécessaire pour Marvel/Disney d’y parvenir, vu que Civil War annonce en grandes pompes l’avenir de la franchise en présentant de nouveaux personnages (les plus réussis étant Spider-Man et Black Panther) ainsi que la marche évolutive de l’intrigue principale qui reprend le dessus.
Certes, nous sommes bien loin des ambitions d’un Batman v Superman et de ses prises de risques qui méritent d’être acclamées. Mais au final, Captain America : Civil War s’en sort bien mieux que son rival en remplissant aisément son cahier des charges tout en emmenant la saga Avengers vers de nouveaux horizons scénaristiques. Simple et efficace, tels sont les mots d’ordre de Marvel/Disney qui nous offrent ce qu’aurait dû être l’Ère d’Ultron, à savoir un long-métrage moins bancal et brouillon. Ce qui redonne de l’espoir pour les autres projets des studios, notamment les « nouveautés » que seront Doctor Strange, Black Panther et Spider-Man. Mais en attendant, le monde des super-héros devra passer par la Fox et son X-Men : Apocalypse, autre poids lourd non négligeable qui devrait sans aucun doute frapper un grand coup !