Captain America : Civil War je l'espérais et le redoutais. Ça avait tout du projet casse-gueule : être la suite conjuguée de Captain America : Winter Soldier et Avengers : Age of ultron, introduire encore de nouveaux personnages, et assumer un titre qui renvoie à un comics adulé par une légion de fans marvel.
Et oui, le film n'est pas exempt de tout reproche. Formellement, la réalisation hachée caméra à l'épaule des frères Russo est toujours aussi insupportable - surtout quand elle gâche les chorégraphies de baston splendides - et la musique toujours aussi oubliable. Surtout, le film a un centre de gravité mouvant qui pourra en perturber certains (A-t-on vu Captain America 3 ou Iron Man 4 ? Avengers 2.5 ? Voire Black Panther 0.5 ?).
Et pourtant. Pari gagné. Grâce à un exercice d'écriture allant piocher dans tout ce que le Marvel Cinematic Universe a développé depuis... 2008, le scénario parvient à nous livrer un affrontement magistral entre Captain America et Iron Man. Tony Stark se départit enfin de son côté "bouffon classe" pour devenir ce personnage torturé et obtus des comics. Steve Rodgers est bien ce soldat centenaire qui garde envers et contre tous sa morale surannée comme seule boussole. L'antagonisme qui en découle met certes du temps à s'installer, mais sa montée en puissance est irrésistible. Car le terreau était déjà là.
Enfin le MCU n'est plus un carcan qui engonce une pellicule mais un formidable accélérateur d'intrigue pour donner de l'épaisseur aux personnages, nuancer les points de vue des protagonistes, affermir leurs motivations. Quelques répliques efficaces - quoique peu subtiles - suffisent à comprendre et surtout investir le spectateur dans une l'histoire qui le sollicite à plusieurs niveaux.
Car oui, vous aurez de l'humour Marvel - quoiqu'en retrait - et un affrontement particulièrement fun et jouissif de deux team super-héroïques (aparté : Spider-Man ? Totale réussite, un vrai lycéen balançant une ribambelle de blagues pourries entre deux voltiges) mais Captain America : Civil War draine aussi des thématiques lourdes de deuil, de culpabilité, de chagrin marquant nos héros au fer rouge.
Depuis Avengers, premier du nom, je ne me suis pas autant éclaté devant un film Marvel. Et pourtant, Guardians of the Galaxy avait fait du bon boulot. Mais dans Captain America : Civil War, il y avait un ingrédient supplémentaire : deux personnages principaux familiers auxquels on s'est attachés. Qui changent. Et qui se tapent - parfois violemment - dessus. C'est positivement perturbant à vivre.
La phase 3 du MCU est magistralement lancée.