Adapté d'un comic-book culte, Captain America : Civil War raconte l'affrontement idéologique puis physique entre les super-héros de l'univers Marvel. Sans être aussi dense que le support original, le nouveau film de Marvel Studios tente de proposer le même dilemme idéologique sur la légitimité à défendre les autres.
Les frères Russo sont de retour à la réalisation pour le nouveau film centré sur la Sentinelle de la Liberté, après avoir apporté le meilleur film de la phase 2, en étant cette fois accompagné d'un casting plus dense et de plus nombreuses intrigues. Comme Batman v Superman sorti il y a un mois, le film se noie-t-il dans ses ambitions trop démesurées ou arrive-t-il à proposer quelque chose de réussi ?
Tout comme Le Soldat de l'hiver, Civil War prend son temps pour poser son intrigue, n'hésitant pas à suivre un schéma narratif assez similaire à son aîné : après une scène d'action amenant l'intrigue principale, toutes les pièces du puzzle se mettent en place pour offrir une conclusion à la hauteur de l'intrigue développée. Avec autant d'éléments, le film prend donc son temps pour se lancer, et c'est probablement l'un de ses rares défauts. Car si on ne s'ennuie pas pendant tout ce temps, où les dialogues sont parfaitement ciselés pour comprendre les motivations de chacun ainsi que le coeur du débat, ce n'est que tardivement que l'on est complètement absorbé par le film.
Et dans un sens, c'est une bonne chose, puisqu'il permet d'éviter le problème de Batman v Superman en faisant affronter des personnages aux motivations survolées. Les arguments sont nombreux et il est difficile d'avoir un avis tranché sur la question, offrant énormément de relief à tous les personnages qui s'extirpent de la dimension manichéenne que peut parfois offrir une adaptation de comic-book. Même le personnage de Daniel Brühl, antagoniste de l'ombre du film à des motivations en rapport direct avec l'affrontement idéologique du film.
Au niveau des scènes d'action, c'est l'un des points forts du film. Si les premières scènes d'action sont filmés caméra à l'épaule, à l'instar du Soldat de l'Hiver, offrant ponctuellement des effets pas forcément très lisible, les scènes d'action principales sont quant à elles filmées avec beaucoup de fluidité, offrant des moments d'adrénaline pure, servis par un nombre d'idées incroyables qui servent toujours le propos du film. Là où Joss Whedon n'offrait que quelques bribes sur ses deux films où deux héros attaquaient de concert, les frères Russo nous régalent avec autant de combinaisons possibles qu'inventives. Tels deux enfants jouant avec leurs figurines, ces combinaisons sont à la fois originales et en hommage pure aux comic-book, tout en étant parfois parsemés d'hommages au cinéma.
Le ton du film est assez proche de l'opus précédent. Assez sérieux et sombre, il offre ponctuellement des touche d'humour bienvenue qui ne parasite jamais l'atmosphère du film. Une dose parfaite qui évite au film de sombrer dans une noirceur qui aurai desservi la cohérence de l'univers jusqu'à établi par le MCU. Des touches d'humour qui ne sont pas uniquement amenés par Ant-Man ou Spidey, mais aussi par des duos à la dynamique intéressante.
Au niveau du casting, inutiles de revenir sur les habitués, dont la performance ne varie pas. Les nouveaux venus tirent toujours leur épingle du jeu. Chadwick Boseman parvient à offrir un personnage en retrait mais à la personnalité suffisamment complexe pour donner envie d'en découvrir plus lors de prochain film. Tom Holland offre un Spider-Man très prometteur, encore hésitant dans sa lutte, dont les scènes d'actions et ses dialogues sont très fidèles au pages de comics.
Cependant, force est de reconnaître qu'après 12 films, le MCU démontre ses limites en offrant au final assez peu de surprise. Aussi bien en terme de scénario, aux twists assez peu efficaces, qu'en terme de réalisation, le film des frères Russo subit un certain formatage qui empêche au film d'avoir une patte personnelle qui aurait pu ajouter une plus-value au film. La musique n'a rien de marquant et s'oublie assez vite, probablement en raison de l'absence d'un thème musical. Les fans de Marvel seront déçus avec des easter-eggs très peu présents. Stan Lee, comme à son habitude, et l'un des réalisateurs offrent un caméo, et une seule scène post-générique, assez décevante, conclue le film.
Captain America : Civil War offre un film au fond intéressant et non négligé et survolé, parsemé de scènes d'action dantesques. De quoi bien commencer cette phase 3.