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Le réalisateur du film a t-il vu Vie Sauvage de Cedric Kahn ? En tous les cas il le devrait peut-être car, si ce dernier n'est pas un chef d'œuvre, il a le mérite d'être brutalement descriptif et porté par Matthieu Kassovitz. Le premier problème de Captain Fantastic est d'être, justement, trop peu descriptif, de ne pas explorer assez loin les pistes qu'il propose lui-même. Il préfère simplement lancer de bonnes idées et s'arrêter en chemin. Par exemple le sujet de l'éducation des enfants par leurs parents est évoqué. Que souhaite t-il montrer ? Qu'ils sont mieux éduqués que dans le système éducatif conventionnel ? Certainement. Pourtant sa petite fille récite la leçon comme un robot. Clairement le film montre que cela va trop loin. Il semble prôner un juste milieu. C'est flou car on a peu d'éléments auxquels se raccrocher. Et ce n'est pas non plus suffisant pour se faire sa propre opinion. Encore une fois le cahier des charges que s'impose le scénario est trop lourd. Surtout quand la réalisation s'alourdit de longs plans sur les visages, de manière académique. Un comble pour un film qui traite d'anti-formalisme.
C'est là le plus gros défaut du film. Il erre sans cesse dans une forme très balisée. Tout y est souligné au surligneur fluo. Une image qui force pour être belle en filmant toujours ce même ciel rose. Une musique trop attendue qui indique grossièrement où pleurer et où rire. On veut trop pousser le spectateur à ressentir telle ou telle émotion au moment choisi par la réalisation. Si parfois cela fonctionne tout de même, cela devient ennuyant vers la fin.
Deuxième défaut plus subtil, le rôle des femmes est relegué globalement au second plan. Fait assez étrange dans un film aux allures progressistes. En effet toutes les discussions importantes sont presque exclusivement entre hommes ou à leur initiative.
Dernier gros problème, l'utilisation d'une ficelle de scénario qui devrait être interdite. On nous montre le petit Rellian comme le petit rebelle de sa fratrie. Il en a la tête, la mèche et le comportement. On le voit au moins trois fois être en porte à faux ou s'énerver contre son père. Peu subtil et insistant. Encore une fois le réalisateur nous prend trop par la main et ne s'occupe pas assez de développer, de dérouler son histoire.
Et c'est bien dommage. Car le début est simple, brutal et globalement les enfants sont bien dirigés. Et Viggo Mortensen est très beau. Il fait du Viggo quoi. Les thématiques abordées sont celles essentielles à un véritable changement social. Il y a de beaux moments, il y a de bonnes questions posées. Et après chaque scène questionnante, à nouveau le traitement sombre dans trop de clichés pour pouvoir aller plus loin. Et fêter l'anniversaire de Noam Chomsky sans raison apparente, c'est n'est plus de la citation mais véritablement rester à un niveau de réflexion du disciple en adulation devant son gourou. Ceci témoigne, comme d'autres dialogues à d'autres moments, qu'on ne nous montre finalement ici, que des gens qui s'étiquettent. Je suis chrétien. Je suis bouddhiste, je suis maoïste, je veux, je vais, je fais des choix etc... Les différents labels de l'ego, des (in)egos qui s'affrontent par le biais de personnages. Une maladie que l'on retrouve dans beaucoup de films américains traitant de sujets sensibles. L'antique peur de n'être pas défini et donc de n'être pas du tout ou du moins de ne pas savoir ce que l'on est, au lieu d'être, simplement.
En conclusion, un film réalisé correctement, plutôt bien interprété et qui soulève des problématiques actuelles et fondamentales mais qui ne plaira qu'a un Certain Regard d'un certain public de la Croisette. Celui qui ne connaît pas trop le sujet.
Dommage, encore une fois.

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le 13 oct. 2016

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Fiuza

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