Ainsi donc, voici la nouvelle force de frappe de Marvel, qui prépare dans une origin story à la fois le dénouement d’Endgame et la suite de la franchise. Il fallait une femme, voilà qui est fait.
Captain Marvel s’insère avec une certaine paresse dans le MCU, avec pour première mission de présenter un nouveau marvelous personnage. Pour cela, rien de tel que ce bon vieux ressort de l’amnésie censée exciter un peu notre curiosité, et nous servir les sempiternels flashes à recomposer façon puzzle biographique. Après une introduction laborieuse qui nous ramène au temps de Stargate au niveau des maquillages et des décors, mais les enrobe avec des hologrammes constants et des mouvements de caméras inutiles, voici la donzelle sur Terre pour une immersion dans les années 90 (voilà qui est fait), avec look, bande originale de circonstance, façon best-of Youtube, souvenez-vous c’était exactement comme ça oh là là #nostalgie.
L’histoire, vous n’en reviendrez pas, concerne le Tesseract, soit un cube bleu d’une matière ultra convoitée, et qui génère beaucoup de bagarre, soit le pitch de 90% des intrigues Marvel, voilà qui est fait. Mais attention, spectateur, un twist (en carton) se cache dans le scénario, sauras-tu l’anticiper ?
Alors voilà, équipe de femme (la mentor, la sidekick, sa petite fille Lieutenant Trouble qui dit à sa maman d’aller prendre des risques dans l’espace plutôt que de rester avec elle sur un canapé devant la télé), un chat sorti tout droit de Men in Black, une poursuite qui cite avec maladresse French Connection, du blabla, un humour censé alléger le tout, mais qui ne fait que raviver l’impression de jmenfoutisme généralisé. Tout cela est d’une fadeur extrême, et l’on reste assez dubitatif devant cet étalage de pouvoirs qui permettant tout, ne génèrent rien.
Pourquoi des combats à main nue quand la damoiselle peut défoncer un vaisseau entier à la seule force de ses mains ou repousser des missiles alien ? Pourquoi discuter quand le sort des galaxies se trouve réglé de facto (le vague humour de la confrontation finale à un Jude Law qui doit encore se demander ce qu’il fait incrusté dans un rocher exploite quelques seconde cet argument), et que ben voilà, c’est super man avec une poitrine et un beau brushing, point barre, et qu’elle peut en plus, avec sa game boy, changer de couleur à volonté ?
Probablement conscient de la plantation d’endives que représente cette intrigue, les scénaristes nous parcellent le tout de quelques miettes supposées consolider la mythologie MCU, voire du nom Marvel lui-même, avec un Nick Fury qui permet d’expérimenter sur toute la longueur du film le rajeunissement par CGI, et qui, il faut bien le reconnaître, est assez convaincant, de quoi, peut-être, augurer une réussite pour le très attendu et craint Irishman de Scorsese. Sinon, le foutage de gueule se poursuit, avec une décontraction (ah oui, un alien, ah oui, des métamorphes, ah oui, des super-pouvoirs, au point où j’en suis, vous savez, sacrée journée, ahah, je vais me faire un mug de café, tiens.) contagieuse sur le spectateur.
Et de nous annoncer, au générique de fin, que la donzelle reviendra dans Endgame. Ben tiens : quand on sait la pertinence de ses interventions, embarrassantes même pour les scénaristes qui doivent surtout justifier pourquoi une si grande facilité n’avait pas été éhontément exploitée jusqu’alors, on comprend mieux à quel point l’omnipotence est loin d’être une force en termes d’écriture.