Divertissant mais pas flamboyant

• Donc... les Skrulls sont les méchants. Et vous êtes une Kree. Une lignée de nobles guerriers.


• Héroïques. Nobles guerriers héroïques.

C'est un chat, pas Hannibal Lecter

Anna Boden et Ryan Fleck livrent le vingt-et-unième film Marvel(MCU), le premier (enfin) dont le héros principal est une femme : "mieux vaut tard que jamais". Captain Marvel est comment dire... pas le pire ni le meilleur épisode du MCU, c'est un spectacle assez banal. Un long métrage qui a du mal à légitimement exister. En effet, on a la désagréable impression que l'existence de Captain Marvel n'est là que pour justifier la scène post générique vu dans "Avengers Infinity War". La fameuse scène où voit Fury appuyer sur un fameux bouton. Un bouton pressoir servant à appeler à la rescousse la tant attendue "Captain Marvel". Comment Disney allait justifier que pas une fois avant ce jour, Fury ne fasse appel à la miss jusqu'à l'étape critique d'Infinity War. Vu tous les périples d'exterminations totales qu'ont traversés la team, la question méritait d'être posée. Réponse : rien n'est justifié ! Captain Marvel précise juste à Fury qu'il doit faire appel à elle via son boitier qu'en cas de "gravité urgente". J'ai dû louper un épisode quelque part, et Ultron ? Lui, qui a une seconde près allait détruire la Terre. Et Loki ? Lui qui a envahi avec une armée d'extraterrestres New York qui n'est pas passée loin d'une explosion atomique. Ils n'étaient pas des menaces assez sérieuses pour mériter de faire appel à elle ? Par contre, voir trois personnes se dissoudre dans les airs sans savoir ce qu'il en retourne, là, directe il appelle la super héroïne. Nick Fury est-il un imbécile ? La justification de l'arrivée dans le MCU de Captain Marvel se résume à un point incohérent et grossier traduisant la fainéantise d'un scénario vide de sens dans sa cohérence. Une introduction qui semble avoir été inclus au dernier moment juste pour mieux vendre son prochain Avengers.

Dès la séquence d'ouverture on plonge en plein cœur du sujet en nous présentant une Carol Danvers alias "Vers" amnésique faisant déjà partie depuis quelques années de l'ordre "Kree". Une organisation planétaire en lutte contre les Skrulls. Le récit dans sa présentation se montre plutôt original en tant qu'origin story, se construisant autour de l'amnésie de son héroïne. Au fur et à mesure que l'intrigue avance elle va retrouver des brides de son passé décrivant son origine dans un ordre non linéaire plaisant à découvrir. Un scénario Marvelien qui s'essaye à quelques tentatives d'originalités auxquelles je suis favorable. Une évasion scénaristique qui toute proportion gardée fait du bien. La trame principale ne connaît aucun flottement. Les rebondissements sont nombreux. Le récit nous projette dans des environnements variés. Diverses planètes qui esthétiquement n'ont rien de bien affriolant via une photographie peu inspirée appuyée d'une mise en scène très académique. Les effets spéciaux sont pas mal avec un rajeunissement de visage impeccable pour le comédien Samuel L. Jackson. Les émergences de puissances autour de Captain Marvel sont superbes. Les actions malgré la lisibilité visuelle manquent d'inventivités. On regrette des chorégraphies très limitées qui offrent quelques moments de bravoures sympathiques mais qui restent trop dans la retenue. On rêve de voir exploser la puissance de Captain Marvel, et lorsque cela arrive (lors de la séquence finale) cela s'avère bien trop court. On ne profite que brièvement de sa puissance soi-disant extraordinaire ! Un aspect frustrant nous laissant sur un sentiment d'insatisfaction regrettable. La composition musicale de Pınar Toprak est oubliable. Je n'ai même pas retenu son thème principal. Seules les chansons venant des années 90 s'avèrent appréciables.

Captain Marvel incarnée par Brie Larson à de l'allure et du charisme mais elle est terriblement frigide. Un personnage vide d'expressions pour un jeu presque monolithique. Un comble pour une héroïne censée avoir du mal à contrôler ses émotions. Heureusement, la relation qu'elle entretient avec Nick Fury par Samuel L. Jackson lui redonne un peu de sympathie et d'humanité. Un semblant d'émotions bienvenues. Sérieux problème autour de son costume qui au niveau de la combinaison est satisfaisant, mais au niveau du masque c'est hideux. Samuel L. Jackson signe son grand retour dans le personnage de Fury. Durant la première partie il est bien employé par le biais d'une structure dramatique qui le valorise. Incompréhension totale durant la seconde partie où il est ridiculisé. Fury est relayé au rôle du guignol de service à travers l'humour lourd du MCU. Un choc pour le pauvre Fury. Les séquences avec le chat sont désastreuses tant elles viennent désacraliser le personnage. Des scènes malaisantes où j'avais honte pour lui. On découvre finalement comment il a perdu son œil, et comment... dire... PITOYABLE ! Notification spéciale au chat qui prouve qu'on n'a pas besoin de créer un Porg pour amener un élément mignon à l'intrigue. Il est simplement à regretter son utilisation propre à seulement désacraliser Nick Fury. Jude Law sous les traits de Yon-Rogg est pas mal du tout. J'ai beaucoup aimé ce personnage même si le mystère qui l'entoure est malheureusement très prévisible. La relation de maître à disciple qu'il tient avec Vers fait bonne impression. Vient enfin l'antagoniste, "Talos", incarné par Ben Mendelssohn qui offre quelques petits moments positifs qui retiennent l'attention. Seulement, les maquillages du Skrull sont vraiment horribles. Une tronche de méchant plus drôle qu'inquiétante. Fallait le faire !

CONCLUSION :

Captain Marvel est un film divertissant mais instable dans sa logique scénaristique au sein de la saga du MCU. Les cinéastes Anna Boden et Ryan Fleck livrent une peinture banale au potentiel énorme mais insuffisamment exploité malgré quelques bonnes idées à reconnaître. Un film étrange livrant un spectacle mouvementé qui regrettablement manque de piquant. Difficile de se remettre du traitement de Nick Fury. Quant à Brie Larson, malgré un charisme et une stature évidente je regrette une froideur dans son jeu qui rend son attachement compliqué. Mention spéciale a l'hommage sur Stan Lee où il apparaît en début de film dans le logo Marvel à la place des super héros habituels.

Cela aurait pu être mieux, mais aussi bien pire.

Je ne vais pas participer à votre guerre. Je vais y mettre un terme.