Curieux film que ce Car Wash, que je ne connaissais pas, jusqu'à ce que je tombe sur une interview d'un de ses ardents défenseurs ; Michael Bay ! Celui-ci défend un film qu'on considère comme culte, qui, au départ, avait eu peu de succès, mais dont la bande originale sera un carton absolu.
Quant à l'histoire proprement dite... il n'y en a pas ! Au mieux, on voit la journée de travail d'une station de lavage de voitures, dont les postes sont occupés par des noirs et des latinos, et le patron qui est un blanc. Mais il s'agit avant tout d'un film musical, pas vraiment une comédie musicale, dans le sens où il n'y a pas de scènes chantées, mais de longues plages de tubes disco, soul ou funk de l'époque diffusées à travers une radio, et que les employés reprennent à tue-tête. D'ailleurs, la musique est utilisée comme une aide, un motivant dans leurs situations personnelles.
On y trouve un repris de justice, une personne convertie à l'Islam, un maoïste, des aspirants danseurs, ou bien encore un travesti.
Il faut souligner d'ailleurs la justesse du scénario, signé d'un certain Joel Schumacher (oui, le futur réalisateur de ... Batman et Robin !), de ne pas caricaturer les personnages, et en particulier celui du travesti, joué par Antonio Fargas, que l'on connait en tant que Huggy les bons tuyaux de Starsky & Hutch. Si l'apparence peut être appuyée, c'est une personne bien dans sa peau, qui s'éclate dans son travail et que, pas une seule fois, les autres collègues ou clients ne vont l'insulter pour sa nature.
Il y a aussi la personne convertie à l'Islam, au départ Duane, mais qui se renomme en tant qu'Abdullah, joué avec beaucoup de sensibilité par Bill Duke, dont ce fut le premier rôle.
Après, je ne veux pas faire passer le film pour du Bergman, ça reste de la grosse comédie, mais c'est plus subtil qu'il n'y parait sous couvert de déconne.
Enfin, il y a un message politique dans tout ça ; je parlais au départ de noirs, de blancs, de latinos, pour montrer que l'on voit une Amérique en train de faire à nouveau la fête, qui s'amuse ensemble peu importe l'origine, et qui, bien que le patron soit blanc, ne les traite pas là non plus de manière caricaturale. Il y a là une certaine liberté qui est en train de se créer, la ségrégation est derrière nous.
Quant à la musique, c'est un élément capital du film (qui fut d'ailleurs récompensée d'ailleurs au Festival de Cannes !), et en tant qu'amateur de disco, de funk ou de soul, je suis aux anges. Le titre est bien entendu une musique très célèbre de Royse Royce, qui a composé la bande originale, qu'on entend plusieurs fois, soit chantée, soit de manière instrumentale. On y trouve aussi Born to love you (qui apparait à une scène romantique) et, de manière étonnante, une apparition des Pointer Sisters qui passent le temps de chanter You Gotta Believe. Richard Pryor fait aussi une apparition dans le film, un peu disproportionnée quand on voit sa place sur les affiches, qui doit faire 5 minutes, et qui représente le modèle de réussite pour les Noirs, un idéal.
Vu le genre de musique, c'est un film dont j'étais un peu acquis à la cause, je l'admets. Mais, en-dehors de ça, c'est une chouette comédie, qui a peut-être le tort d'enchainer scénettes sur scénettes, mais qui est plus intelligent que son simple propos comique avec de la musique.