Marian Dora continue son exploration intraitable et cruelle du vivant… Avec « Carcinoma », le cinéaste allemand, signe son film le moins radical d’un point de vue idéologique, sans pour autant démordre de son nihilisme patent et son pessimisme quant à la nature humaine, « Carcinoma » dénote paradoxalement d’un humanisme et d’une défense du vivant, un peu à contrecœur.
Très loin des relents satanisant et fascisant d’un « Melancholie der Engel », l’histoire de « Carcinoma » est celle de l'agonie d’un homme atteint d’un cancer colorectal qui refuse le traitement pour des raisons de convictions religieuses. Le propos ici est purement rationaliste, Marian Dora oppose la défense de la vie et de la santé contre la croyance religieuse, très souvent dans le refus de la médecine moderne (et des vaccins accessoirement).
L’évocation d'un principe propre au christianisme, l’épreuve logique de l’affliction dans ce monde doit être acceptée car voulu par Dieu. Le réalisateur met en exergue la volonté auto-destructrice manifeste chez l’homme, par la croyance. Aussi étonnant que ça puisse paraître, « Carcinoma » - malgré sa violence graphique – exprime un rejet évident de la cruauté, celle de l’homme envers lui-même, par sa simple bêtise.
Un parallèle avec le reste du monde animal est présent en filigrane, Dora semble nous indiquer que, bien que nous soyons des animaux sociaux, ayant conscience de nous-même, nous ne valons pas mieux – peut-être sommes nous pire – que le monde animal sauvage.
La photographie diffère sensiblement de ses autres films, avec un contraste élevé et des noirs bouchés, une référence évidente à l’obscurantisme religieux qui se traduit explicitement par de la souffrance et un monde d’obscurité, en opposition à la clarté et à la connaissance. La médecine.
Incontestablement le film le plus humaniste de son réalisateur, une défense active de l’être humain contre lui-même, lui montrant le résultant sans concession aucune, de ses croyances imaginaires. En sa qualité de médecin-chirurgien dans la vie civile, ce film apparaît comme cohérent et rassurant.