Film extrêmement original et barré avec une pellicule qu'on croirait être passée à la machine à laver tellement les couleurs sont saturées, les flous omniprésents et l'image réduite...
On comprend alors très vite qu'on aura affaire à un film échappant à la monoforme décrite par l'illustre Peter Watkins pour laisser libre cours à un projet créatif ambitieux du réalisateur.
Ce projet explore donc une histoire fantastique, où cette image salie nous amène dans un monde de rêve et de subconscient. L'histoire se passe dans les Alpes, probablement en Bavière dans les années 1920. On devine alors, avec un peu de perspicacité, le sujet du film au fur et à mesure que nous nous adaptons à cette forme inhabituelle qui n'empêche pas le récit d'être clair.
Il s'agit d'un film qui traite de la peur et des peurs injustifiées des habitants de ce village, mais aussi des désirs malsains et leur tabous associés dans un décor de subconscient et de rêve. Il y a donc un lien évident entre 2 personnalités clés de cette époque et de ce lieu: Sigmund Freud et Adolf Hitler. On pourrait ainsi dire qu'il s'agit d'un film qui traite des origines du nazisme sous un regard freudien mais on pourrait tout aussi dire l'inverse. Maddin tente donc d'explorer une époque et un contexte historique en balayant, au moyen d'une forme différente, nos codes et nos préjugés sur le sujet.
Une fois que notre oeil et notre cerveau s'habituent au style du film, nous finissons par y rentrer avec un regard neuf et surtout porté par l'aspect imaginaire du film qui stimule ainsi notre propre imaginaire et nous invite à nous interroger.
Un film finalement lumineux et qu'on n'oubliera pas facilement. Certains éléments reste cependant sans réponse (ex: l'image furtive du poulet, les coups de feu bruyants à un moment et sans bruits à un autre moment, etc...), est-ce du à un élément du film non décodé? Ou bien, une bizarrerie qui s'invite dans ce film aux relents surréalistes?
Ne reste plus qu'à vous faire votre propre avis.