Comédie dramatique italienne assez typique de la période, 70s et 80s, que ce soit par l'effusion de dialogues et de sentiments qui anime absolument tout dans "Caro Michele" mais aussi par cette post-synchronisation délétère qui, au-delà de doubler Delphine Seyrig en italien, confère un côté approximatif vraiment plombant à l'ensemble des personnages — le plus grand travers de ce cinéma à mes yeux. Le "cher Michele" du titre est en réalité un personnage qui brille par son absence : au lendemain de mai 68 il s'est évaporé dans la nature, et on apprendra en même temps que sa famille qu'il s'est exilé en Angleterre et ailleurs en Europe. Il correspondra régulièrement avec quelques membres de sa famille, sa mère, ses sœurs, et au sein de ce paysage familial représentant une classe moyenne italienne évolue une tierce personne, une certaine Mara (Mariangela Melato, un mélange de Shelley Duvall et de Monica Vitti) qui pense que Michele est le père de son bébé.
Au loin, cette figure du fils cadet qui se bat pour une cause révolutionnaire largement indéterminée (mais qu'on peut penser fidèle à l'esprit du début des années 1970). De manière beaucoup plus prosaïque, Mara revendique indirectement son indépendance même si elle ne peut survivre que grâce aux amis et à la famille de Michele, caractérisés par un degré bien supérieur de conventionnel. C'est un film qui ne lésine pas sur les portraits exubérants d'une multitude de personnages (Lou Castel est probablement le plus sobre et sert de relais de l'enquête autour des agissements de Michele), aussi bavard qu'on puisse imaginer, alternant entre moments tragiques et moments comiques qui déploient les caricatures à la pelle pour esquisser un tableau italien de son époque.