Two Lovers
Avec cette mise en scène, que ne renierait pas Wong Kar Wai version In the mood for Love, la discrétion des sentiments sied parfaitement à une nomenclature esthétique au souffle court, qui fait...
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le 13 janv. 2016
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En ce mercredi 13 janvier, de choix il n’y en avait pas. La journée devait s’achever dans une apothéose de joie et d’uppercuts pour célébrer le retour de Rocky Balboa. Mais comme chacun sait, la vie et les séances de cinéma peuvent jouer des tours. Voilà pourquoi après avoir accepté le fait que l’existence n’est qu’une question de timing et d’adaptation nous sommes finalement aller voir Carol (en attendant Rocky… Ne vous en faites pas mes mignons, sa visite sur Bizard Bizard ne saurait tarder).
Dans un grand magasin new-yorkais à la veille de Noël, Carol Aird (Cate Blanchett) une riche femme aussi sophistiquée qu’élégante, rencontre Therese Belivet (Rooney Mara) une jeune vendeuse étrange et lunaire. Après avoir papoté un brin à propos du cadeau idéal pour sa fille, Carol s’en va en oubliant ses gants et en laissant son adresse. Après cette heureuse omission, les deux femmes finissent par se voir et se revoir, jusqu’au jour où Carol, fatiguée par un divorce compliqué, propose à Therese d’aller road tripper dans le grand Ouest. De ce voyage naît une romance et les nouvelles amies deviennent amantes.
Esthétiquement parlant, Carol est une réussite en tous points. Orchestré par une main de maître fétichiste – avec une obsession affirmée pour les mains – le film offre un panel de belles images où le travail de la lumière, des couleurs et de la mise-en-scène ne peuvent être qu’applaudit. Cette prouesse technique et plastique vient auréoler les actrices d’élégance et de beauté en faisant de ces cent dix-huit minutes un ravissement pour la pupille.
Mais (vous vous en doutez, il y en a un). La perfection esthétique du film ne réussit pas à en faire un film parfait et l’enveloppe de la beauté n’est justement qu’une enveloppe. Loin d’être mauvais, Carol est aussi tout aussi loin du chef d’œuvre. La forme supplante le fond au point où l’on se demande si finalement la forme n’est pas le fond, un point c’est tout. Bien sûr que le génie du film réside dans le fait qu’avec quelques phrases et quelques plans le spectateur comprend l’histoire et la psychologie des personnages ; seulement à force de métaphores énigmatiques, de scènes contemplatives, et d’un trop plein d’amour retenu, l’ensemble du scénario et des sentiments humains sont vraiment très retenus. Même si Cate Blanchett est époustouflante (mais quand ne l’est-elle pas ?) et Rooney Mara bonne actrice, on ne sent désespérément pas l’amour entre les deux femmes tandis que l’histoire du divorce de Carol est bien plus intéressante. C’est d’ailleurs dans ces moments là que le film et l’actrice prennent vraiment de la hauteur et subjuguent le spectateur.
Ainsi, au même titre que la plastique, le film s’articule autour de Cate Blanchett. Elle et uniquement elle, car une fois la comédienne à l’écran tout devient secondaire, y compris Rooney.
En conclusion, Carol est un très beau film à tendance insipide. On comprend mais on ne ressent pas grand chose, on observe… et on observe. Des jolies choses certes, mais rien qui ne déclenche le bouton « chute du Niagara » dans notre partie gauche du cerveau, ou qui nous donne envie d’exécuter la danse de la félicité après deux heures d’épanouissement cinématographique.
L’avis de Bizard Bizard : allez-y au trot.
Créée
le 14 janv. 2016
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