Je viens enfin de voir l'un des films dont j'attendais la sortie avec le plus d'impatience. J'ai même choisi d'attendre encore un peu pour ne pas avoir à le subir en version française; et à la vue de la note moyenne de ce film sur SensCritique j'ai bien fait. Même si je regrette tout de même de ne pas avoir pu le voir sur grand écran.
Avec tout le respect que je dois au travail de titan que le métier de doubleur doit demander, je reste persuadé qu'un doublage peut ruiner un film. Mais là n'est pas le sujet.
Carrie, donc, est une adaptation du roman de Stephen King très réussie, particulièrement fidèle au roman sur lequel elle repose avec une ambiance presque proche d'American Horror Story. Et on a beau savoir à l'avance toutes les ficelles de l'intrigue (qui aujourd'hui ne connait pas Carrie?), les 1h40 que dure le film paraissent passer beaucoup plus vite tellement il n'y a pas de point mort, et on arrive presque à se demander où le temps est passé vu qu'objectivement l'histoire est on ne peut plus simple.
Si il est évident que tout le monde attendait Kimberly Peirce au tournant, et surtout les fans de Stephen King, il est dommage de voir que beaucoup s'accrochent au film original de De Palma comme on s'accroche à une Sainte Relique: on ne doit pas y toucher et toute autre adaptation n'est qu'une hérésie. Ils ont sans doute sans le vouloir adopté la personnalité fanatique de Margaret White...
(Je n'ose imaginer l'avis de ceux ici qui supportent à peine les films parlants et en couleur!)
La question est de savoir si une fois adapté sur grand écran un roman devient alors intouchable. La réponse est bien sûr évidente mais il semblerait que beaucoup seraient ravis de priver à un réalisateur la liberté d'exercer son métier ou à un spectateur de voir un film qu'il pourrait aimer.
Pour ma part, j'ai plus qu'apprécié cette nouvelle adaptation et le fait qu'elle se déroule dans une époque plus moderne ne dérange en rien la compréhension de l'histoire. Youtube et autres smartphones se font très vite oublier grâce au travail de réalisation impeccable et au jeu des acteurs.
Chloë Moretz incarne Carrie de façon très convaincante et évite de surjouer le personnage. Je rirai d'ailleurs au nez de la polémique sur la 'beauté' de l'actrice, je lis trop souvent que Carrie doit être moche, que personne ne malmènerait un joli minois comme celui de Miss Moretz.
Tout ça me fait me demander s'il faut être moche pour se faire bizuter, ou, si on pousse le vice un peu plus loin, s'il est normal de bizuter les moches. C'est en gros ce que sous-entendent ceux qui ne veulent pas d'une Carrie un tant soit peu mignonne, même s'ils n'ont pas forcément cette intention.
On les renverra donc au roman original, qui stipule clairement que Carrie était effectivement jolie et que ses tyrans ne basaient pas leur méchanceté sur l'apparence physique mais aussi son milieu social et surtout son éducation religieuse imposée par sa mère (chose que le film n'hésite pas à rappeler à plusieurs reprises).
Autrement, Miss Desjardin colle à la perfection à l'idée que je me faisais du personnage, Gabriella Wilde incarne avec justesse le personnage de Sue Snell et en général tout le reste du casting s'en sort à merveille.
Il se trouve que j'ai eu droit à la version avec fin alternative, celle qui était beaucoup trop 'grore' pour passer sur les écrans américains. Je confirme là qu'effectivement c'est assez sanglant. J'ai recherché la fin originale et je préfère largement l'alternative, même si les deux pourraient marcher ensemble. La première ayant l'avantage de faire référence à "l'après-Carrie" que le film original avait me semble-t-il occulté.
Le film n'est pas dénué de défauts (certains effets de ralentis sont carrément inutiles par exemple), mais ne pèsent pas bien lourd dans le résultat final. J'aurais pu mettre 8 mais l'injustice qu'est la note moyenne me pousse à la monter d'un point et d'aller jusqu'à la recommandation, pour pousser ceux qui hésitent à voir ce film à mettre de côté leurs idées reçues et à franchir le pas.
Tl;Dr: Un film que l'on ne voit pas passer, une bonne réalisatrice, d'excellents acteurs. C'est l'occasion rêvée de ressortir cette blague à deux sesterces que j'affectionne particulièrement: comme dirait Jacques, c'est tout bon!