Carry on Pickpocket par k-chan
Lorsqu'il réalise ce film, le réalisateur-acteur-chorégraphe Sammo Hung a déjà plus de 10 ans de carrière derrière lui, et a réalisé son premier film 5 ans auparavant, en 1977. Jouissant d'une très grande popularité, l'ami de Jackie Chan, Yuen Woo-ping, Yuen Biao et toute la clique, et que tout le monde appelle "grand frère", n'a depuis jamais cessé de briller, chaque film étant presque à chaque fois meilleur que le précédent. Comme acteur ou réalisateur (et chorégraphe à chaque fois), il vient de nous offrir des perles de la "kung-fu comedy" telles que Warriors Two, Knockabout, Le Héros Magnifique, The Odd Couple, puis le suprenant Exorciste Chinois, et surtout le formidable Prodigal Son, qui est alors son dernier film en date.
Avec Carry On Pickpocket, il délaisse l'univers du film à costume, situant l'action au présent, dans un milieu urbain. Sammo fait appel à Frankie Chan, qui venait de nous époustoufler en adversaire de Yuen Biao et Lam Ching-ying dans Prodigal Son. A eux deux, ils forment un duo de pickpockets, accompagnés de leur vieux professeur en la matière, et d'une jolie demoiselle. Leur petit traffic attire cependant (forcément) la police, mais aussi des traffiquants de cartes d'identités. Au milieu de ça, Sammo tombe sous le charme d'une femme qui s'avère être flic, et qui l'enrolera pour coincer des criminels plus redoutables, alors en plein traffic de diamants. Et pour pontuer le tout, et c'est ce qu'on attend, ça tape (pas beaucoup).
L'ensemble est plutôt correct, si on est spectateur familier du genre, mais on reste vraiment sur notre faim. Passons sur l'esthétique et l'univers très daté eghties, avec ses horribles musiques synthé. Le film est quand même avare en kung-fu, et à vrai dire, seul Sammo se déchaine, puisque Frankie Chan n'a pas ici le rôle d'un grand tapeur. Une courte scène dans une boite de nuit, et le final. C'est tout. Nous avons surtout droit à beaucoup d'humour qui ne fonctionne qu'une fois sur deux. Pour le coté comique, ils sont aidés par le toujours sympatique Richard Ng, dans le rôle du flic qui cherche à coincer nos deux pickpockets. Pour ce qui est des scènes de pickpocket, on peut dire qu'elle sont très réussies. Le générique de début est à ce titre très efficace, les vols et diverses interractions entre les personnages étant executés comme un joli ballet. Pour la partie romantique, c'est vraiment raté. On se demande vraiment ce que Sammo et Deannie Yip font enssembles, et notre ami a plus le comportement d'un gros gamin que celui d'un homme. Notons un hommage bien executé à Charlie Chaplin lorsque Sammo tente de la séduire, en mimant la célèbre danse des petits pains (dont Chaplin n'est pas le créateur, mais c'est une toute autre histoire). Un peu d'humour, de la romance, un peu d'action. La recette est classique, et la sauce ne prend donc que moyennement, jusqu'au final qu'on espère, comme d'habitude, énorme. Bon, il faut le dire, le final est bien fouttu, ça saute de partout, et ça frite méchamment. Sammo Hung est alors confronté à un dur à cuir récurrent du cinéma de kung-fu, l'excellent Dick Wei. On remarque tout de même que celui ci est doublé par Yuen Biao (on reconnait aisément sa silouhette) durant un plan assez classique d'échange de coups avec Sammo. Mais ce final est bien court, et les méchants rapidement mis à terre. En bref, Carry On Pickpocket est un film mineur de la part du réalisateur, se situant un très net cran en dessous de ses précedentes réalisations. Le spectacle plaira tout de même à ceux qui connaissent Sammo en long et en large, rendu appréciable par un joli duo. Mais pour ceux qui découvrent le bonhomme, ou le genre, je vous recommande de commencer ailleurs.