Moi qui avait adoré le premier, je trouve celui-là raté et sans âme.
Faisons d’abord un rapide retour en arrière pour évoquer la préproduction, le néophyte Brad Lewis devait assumer seul la réalisation. A vrai dire je ne sais pas d’où il sort, il n’avait jamais fait de scénario, ni réaliser quoi que ce soit, son seul fait d’arme est d’avoir été producteur de Fourmiz et de Ratatouille. Suite à un problème dans l’histoire, John Lasseter qui devait être producteur exécutif (comme les précédents) s’en est mêlé et est devenu coréalisateur, donc il ne faut pas non plus lui jeter toutes les foudres puisqu’à la base l’idée de la suite n’est même pas venue de lui. On peut penser que cette idée est venue de Bob Iger (PDG de Disney) qui ne cesse de vouloir développer des franchises (en voyant l’argent que lui rapporte les produits dérivés).
Alors que le premier fut à mon goût injustement boudé par les critiques et les spectateurs, il avait une vraie identité, une belle morale et des personnages attachants sans oublier la BO de Randy Newman qui nous donnait qu’une envie : prendre un ticket pour les USA et faire un road-trip sur la route 66. Celui-là au contraire, est rempli de défauts, d’incohérences qui détruit complètement le premier opus. Là on a un produit presque vide.
Le principal problème de ce film réside pour moi dans son histoire et son personnage principal. En effet, si la scène d’ouverture pouvait laisser croire à un film d’espionnage (qui aurait pour moi un chemin original dans cet univers), il en fut tout autre. Dès que la scène d’ouverture est terminée, on voit Martin chantait sur la route de Radiator Springs, ambiance en totale décalage avec la scène d’ouverture façon film d’espionnage. On se doute alors fortement que Martin sera au cœur de l’intrigue. Si je l’ai bien aimé dans le premier opus s’est en parti pour son humour et sa relation avec Flash, mais il n’accapare pas tout le film (loin de là !). Pixar a fait ici ce qu’il ne fallait pas faire : faire de Martin le héros d’un long-métrage, l’histoire en est devenue biaisé et a fini par prendre un mauvais chemin. Pourtant à mes yeux, l’histoire avait du potentiel que ce soit au niveau des antagonistes, de l’ambiance « espionnage » très bien retranscrit dans la scène d’ouverture. Mais que-est-ce qu’il y a d’incohérences et d’erreurs. Même les personnages secondaires ne sont pas terribles, Francesco la Ferrari devient vite lourd, Finn McMissile est incohérent (le fait de croire que Martin est un agent est quand même beaucoup trop gros, surtout que ça a l’air d’être quelqu’un d’expérimenté...). Autre chose que j’ai trouvé totalement incohérent : c’est le fait que Flash a honte de Martin alors qu’il sait très bien comment il est et comment il se comporte et finit par l’accepter tel qu’il est. Ici il lui dit plusieurs fois qu’il est ridicule et qu’il a honte de lui (alors qu’en plus c’est son meilleur ami), en totale contradiction avec ce qu’on a vu du premier épisode… En plus ça donne lieu à une course-poursuite totalement incohérente (dans le sens où Martin en ressort indemne (c’est sûr qu’il a l’habitude de rouler à 180 km en plein Londres..) où Flash dit à Martin qu’il est désolé (une nouvelle fois). On peut aussi parler du fait que beaucoup de personnages du premier film sont quasi-absents de cette suite.
Malgré ça il y a des points que j’ai apprécié dans ce film : le chemin de l’espionnage pris dans ce film (on a globalement droit à de belles scènes d’actions, même la scène de torture de l’agent est bien exécuté), j’ai aussi aimé le fait d’avoir un antagoniste « caché », qu’on essaie de découvrir en même temps que les protagonistes du film ou encore le traditionnel compte à rebours qui défile. L’intrigue autour des moteurs truqués (en avance sur le scandale Volkswagen !) avait du potentiel mais l’antagoniste manque cruellement de charisme et ses motivations semblent dérisoires : l’argent alors qu’il est déjà riche. Pour ce qui est de l’humour, Martin m’a fait très peu rire, seul Luigi et Guido ont su relevés le niveau lors de la scène en Italie où ils retrouvent leur familles (la meilleure scène du film pour moi) avec Fillmore (qu’on voit trop peu).
Le visuel est toujours aussi réussi par contre, faut dire qu’il avait le budget mais quand même les décors des villes sont somptueux de réalisme et permettent de nous immerger dans la culture des villes bien que ces visions soient caricaturales. Même les voitures sont très belles à regarder et leurs mouvements tellement fluides.
On notera au passage l’incohérence à la fin : Martin qui est fait chevalier de l’ordre britannique alors qu’il est américain. Or il me semble que les titres de noblesse sont réservés aux britanniques.
La musique de Giacchino est plutôt correcte (elle ne fait pas partie de ses meilleurs) mais comporte de bons moments, notamment les scènes avec l’ambiance de film d’espionnage bien que je n’en ait pas spécialement retenu de morceau.
Ces défauts n’ont pas empêché le film de rapporter 560 millions de dollars pour un budget de 200 millions, ça n’empêche pas les critiques de l’avoir assassiné à sa sortie.
Vous l’aurez compris, Cars 2 restera dans l’histoire du studio comme étant le premier raté du studio, pas de chance il arrive lors du 25ème anniversaire.
Dommage il y avait certainement mieux à faire.