Des errements d’un groupe d’enfants otages d’une guerre d’adulte dont ils n’appréhendent pas la gravité, Mehdi Chareff réalise une belle chronique de l’après années de braise en Algérie, qui débouchera sur l’indépendance tant attendue. Il mêle des scènes dures et se voulant sans concession à d’autres plus intimes sur ces deux peuples dont le rapport de force dominant/dominé s’inverse peu à peu. La réalisation passablement académique pèse sur le film, l’empêche d’atteindre des sommets d’émotion qui n’est ici qu’intentionnellement mélodramatique. Ce qui est assez étonnant de la part du réalisateur du « Thé au harem d’Archimède » ou de « Miss Mona », beaucoup plus cyniques, digressifs… Manque une vraie noirceur, incontournable sur un tel sujet qui repose plus sur les mécanismes humains que sur des images choc. Chareff semble, avec la maturité, être plus pudique, ce qui vient contraindre la portée de la reconstitution. A l’inverse d’un Bunuel avec « Los Olivados » (dont un hommage est rendu dans le film) où, l’émotion implacable était livrée à l’état brut sans artifice. Pour terminer sur une note plus positive, il faut signaler l’interprétation du jeune Ali Hamada en témoin privilégié, qui porte le film sur ses très frêles épaules avec incandescence et fraîcheur.